Marseille: Les Corses veulent leur propre compagnie maritime avant l'été
ECONOMIE•La collectivité territoriale de Corse veut créer sa propre compagnie avant l'été...Mickael Penverne
La page SNCM vient à peine de se tourner que de nouvelles complications sont à craindre sur le port de Marseille. La collectivité territoriale de Corse (CTC), dirigée depuis décembre par les nationalistes, a présenté lundi un protocole d’accord visant à créer d’ici quelques mois une nouvelle compagnie maritime pour assurer la liaison entre l’île et le continent.
Echaudés par les conflits sociaux à répétition au sein de l’ex-SNCM, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni souhaitent constituer une société d’économie mixte locale (SEML) dont la CTC détiendra la majorité du capital (51 %). Les 49 % restants seront détenus par des sociétés privées. Pour l’instant, deux compagnies ont été intégrées dans ces discussions et ont signé le protocole d’accord : la Méridionale et Corsica Linea, la nouvelle compagnie créée par Corsica Maritima et l’armateur Daniel Berrebi.
« STC, CFDT Corsica, CMN, Corsica Linea signent protocole d’accord > création cie maritime Corse proposé par @ctcorse pic.twitter.com/RUVGJDTbIj — Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) January 25, 2016 »
La Méridionale « apportera son expérience et toute son expertise de transporteur de fret et de passagers à la (Corse) afin d‘œuvrer à une plus grande efficacité des moyens de transport », justifie la compagnie dans un communiqué précisant cependant qu’elle souhaite conserver « son indépendance de gestion et de management ». Maritima Ferries, l’ex-SNCM, pourrait être aussi associée à ces discussions. « Elle sera contactée dans les prochains jours », a indiqué Gilles Simeoni, le président de la CTC.
Deux organisations syndicales ont également signé le protocole de la CTC : le Syndicat des travailleurs corses (nationaliste) et la CFDT. Mais pas la CFE-CGC ni la CGT, majoritaires à Maritima Ferries. « On a découvert tout cela en même temps que vous… Pour l’instant, on attend d’en savoir un peu plus », déclare Frédéric Alpozzo, secrétaire général de la CGT, avant de mette en garde contre les conséquences sur « le service public et l’emploi » de l’arrivée d’un nouveau concurrent.
« Eviter une explosion sociale »
C’est un peu la même inquiétude du côté de Roland Blum, adjoint à la mairie de Marseille, qui surveille le port, depuis des mois, comme le lait sur le feu. « La collectivité de Corse est légitime et parfaitement libre de son destin, commence-t-il prudemment. Mais il y a eu un jugement du tribunal de commerce qui a nommé le groupe Rocca comme repreneur (de l’ex-SNCM). Lequel a permis de sauver près de 900 emplois. Notre problème, aujourd’hui, c’est d’éviter une explosion sociale ».
>> Alire aussi : Moby line ouvrira une liaison Nice-Bastia le 1er juin
L’élu marseillais « exhorte » ainsi la CTC à « tenir compte des emplois marseillais et corses » et demande que « tous les opérateurs puissent participer à cette opération, y compris Maritima Ferries ». Plusieurs réunions de travail se tiendront à Ajaccio dans les semaines et mois qui viennent pour « traiter de manière concrète les questions statutaires, juridiques, financières, de répartition de capital (…), de transfert d’actifs (et) de siège social, de conventions collectives et droits sociaux », précise le protocole d’accord. L’objectif de la CTC est de créer cette compagnie d’ici l’été prochain.