OM: L’irrégulier Bouna Sarr raconté par ses formateurs du FC Metz
FOOTBALL•Le milieu de terrain a brillé à Caen, mais ses anciens coachs restent prudents...Christine Laemmel
Il éclipserait presque Lassana Diarra. Ce dimanche du moins, en menant des attaques fleur au fusil et dynamite dans les jambes, Bouna Sarr a bluffé. On le voyait peu dans les compos de Michel -c’était sa troisième titularisation-, on n’a vu que lui après la métamorphose olympienne en Normandie. « Meilleur joueur » du match selon l’Espagnol, le joueur natif de Lyon a été encensé par les journalistes et les supporters sur les réseaux sociaux.
Du Sénégal, où il forme depuis trois ans les futures recrues du FC Metz, Olivier Perrin reste prudent. « Je suis un entraîneur, ce qui est important pour moi, c’est la durée. » L’homme côtoie les jeunes pousses du foot mosellan depuis 20 ans. Sur sa route, il a croisé Bouna Sarr, le nouveau héros de l’OM. « Un garçon qui avait du talent, assure l’ancien coach des U19, mais qui était très irrégulier, sur la pelouse et à l’extérieur. »
Une « deuxième chance » à Metz
Le parcours du milieu de terrain franco-guinéen est plutôt tortueux. Né à Lyon, Sarr intègre le centre de formation des Gones avant de se faire virer à 14 ans, pour des problèmes de comportement. « Ça n’a pas été simple dans sa tête, se souvient Bertrand Antoine, responsable de la préformation dans le groupe lorrain. Tous les joueurs de cet âge veulent être professionnels. Quand vous quittez un club, c’est un rêve qui vous échappe. » Le joueur découvre alors le monde amateur à Oullins en banlieue lyonnaise puis à Saint-Priest, 20 km plus loin.
C’est là qu’il est repéré par le FC Metz, à 17 ans. « Il a eu une deuxième chance, analyse Antoine, il l’a vécue à 200 % ». Bouna Sarr restera six ans chez les Grenats. « Il fait partie de notre génération dorée, poursuit le coach des U15, celle qui a remporté la Coupe Gambardella », en 2010. Celle de Kalidou Koulibaly, défenseur du Napoli, leader de Série A et de Gaëtan Bussmann, latéral gauche de Mayence en Allemagne. Celle aussi qui a permis à Metz de remonter de National en Ligue 2 puis en Ligue 1, entre 2012 et 2014.
Un « feu de paille » ou une place de titulaire
Si Bouna Sarr est un des artisans de cette période faste, il ne s’est pas imposé tout de suite dans l’effectif. « Il avait des hauts et des bas, ne cache pas Perrin. Il faisait un super entraînement puis plus rien pendant deux jours. Je lui ai donné un ultimatum. Je lui ai dit que je comprenais pourquoi Lyon ne l’avait pas gardé. » Pendant sa première année messine, « il a joué sept-huit matchs fantastiques, poursuit l’ancien entraîneur, avant de faire n’importe quoi. C’est du Bouna Sarr. » Heureusement pour le jeune joueur, l’explication fonctionne. Sarr a « une prise de conscience » vers 18 ans. Et « la folie de son jeu », note Antoine, lui permet de s’imposer dans le groupe professionnel. Puis de signer avec Marseille, à l’été 2015.
« Il peut s’endormir sur ses lauriers, rappelle Perrin, évoquant un joueur en pleine maturation. Il a besoin d’avoir une pression, c’est ce que je lui ai dit quand il est parti à l’OM : " Maintenant c’est bien, tu vas avoir la pression tous les jours " ». A voir la prestation de grande qualité fournie dimanche par l’ancien ado tempétueux, en pleine crise marseillaise de panache et de résultats, son ancien patron n’a pas tort. « C’est un bon warm-up (échauffement), c’est bien, commente sobrement le formateur. Peut-être que Michel va insister. On saura alors si c’était un feu de paille. Mais il faut qu’il prenne sa chance, il n’a pas grand chose à perdre. » Plutôt une place de titulaire à gagner.