SOCIETERégionales 2015: Le planning familial fait front après les propos de Marion Maréchal-Le Pen

Régionales 2015: Le planning familial fait front après les propos de Marion Maréchal-Le Pen

SOCIETEVisé par les critiques de Marion Maréchal-Le Pen, le planning familial des Bouches-du-Rhône relance sa campagne d'adhésion...
Le planning familial des Bouches-du-Rhône à Marseille.
Le planning familial des Bouches-du-Rhône à Marseille. - MickaÎl Penverne / 20 Minutes
Mickael Penverne

Mickael Penverne

L’entrée est discrète. Il faut passer une porte anonyme, sur le boulevard National, pour trouver les locaux de l’antenne départementale du planning familial. Près de 4.000 femmes, dont 75 % ont moins de 25 ans, viennent ici chaque année pour demander des informations, des conseils, une assistance ou une consultation médicale. L’association est présente à Marseille depuis plus de 50 ans, et depuis quatre ans à la Belle de Mai, l’un des quartiers les plus pauvres de la ville.

Ici, l’accueil a un sens : un sourire, un café et une disponibilité immédiate. Dans cette ambiance feutrée, les propos de Marion Maréchal-Le Pen ont résonné comme une claque. La tête de liste Front national pour les élections régionales a déclaré lors d’une réunion publique organisée avec La Manif pour tous, en novembre, qu’elle comptait supprimer la subvention au planning familial accordée par le conseil régional si elle était élue dimanche.

L’Etat plus gros contributeur

« Nous allons supprimer les subventions aux associations politisées, dont les plannings familiaux, mais aussi des associations - on aura peut-être l’occasion d’en reparler - telles que celle de la LGBT, ou des choses comme ça, dont je condamne fermement l’idéologie, a-t-elle déclaré. Et il n’est pas question de leur verser un sou évidemment demain à la région ». Quelques jours après, la députée du Vaucluse a maintenu ses déclarations au motif que l’association « défend une certaine conception de la famille ».

Le planning familial des Bouches-du-Rhône emploie une trentaine de personnes, dont 18 conseillères familiales et quatre médecins. Son budget s’élève à 1,3 million d’euros par an. Après une année 2013 déficitaire (-60 000 euros), l’association revendique l’équilibre budgétaire depuis deux ans. L’Etat est son plus gros contributeur (27 %), devant le conseil départemental (22 %) et le conseil régional (14 %). Ce dernier lui verse 200.000 euros par an.

La mairie du 13/14 au bout du fil

« Concrètement, la Région nous aide à financer des actions de prévention dans les lycées, le numéro vert et le site Internet, ainsi que des actions pour le handicap, comptabilise Claire Ricciardi, directrice adjointe et porte-parole de l’association. Si on nous enlève cette subvention, le planning familial ne fermera pas. Mais il sera obligé de réduire » ses interventions.

Comme un pied de nez à Marion Maréchal-Le Pen, l’association vient de relancer sa campagne d’adhésion pour « continuer de pouvoir défendre (ses) valeurs », selon les mots de Claire Ricciardi qui conclut en lançant une petite pique à la candidate du Front national : « Et je ne pense pas que ce sont uniquement des valeurs de gauche. Parce que je me rappelle qu’avant la campagne et toute cette polémique, les services de la mairie du 13/14 (détenu par le FN Stéphane Ravier) nous ont déjà demandé des documents et même d’organiser des réunions d’information… »

Des femmes contre l’avortement

Assises autour d’une grande table, Béatrice et Isabelle, deux conseillères familiales, se demandent encore pourquoi l’association est devenue la cible de Marion Maréchal-Le Pen. « Elle paraît tellement éloignée de la réalité, souffle Béatrice. Dans la vraie vie, il y a des moments où l’on a des rapports non-protégés. Dans la vraie vie, on oublie aussi parfois ses moyens de contraception ».

« On accompagne les personnes qui viennent nous voir. On ne les oriente pas, poursuit Isabelle. Et cela concerne toutes les femmes, de toutes les classes sociales et de tous les âges. On voit ici beaucoup de personnes du quartier, c’est vrai. Mais certaines viennent aussi du centre-ville ou du 8e arrondissement. Nous recevons même des femmes qui sont contre nous, qui sont contre l’avortement. Elles nous le disent. Mais elles viennent quand même ».