ECONOMIEMarseille: Les commerçants du centre-ville en mode «survie»

Marseille: Les commerçants du centre-ville en mode «survie»

ECONOMIEUn an et demi après les municipales, ils réclament des comptes à la municipalité...
Mickael Penverne

Mickael Penverne

En 2014, la fédération Terre de commerces faisait signer aux candidats des municipales de la plupart des villes des Bouches-du-Rhône (Marseille, Aix, Istres, Marignane…) un « partenariat d’avenir » qui prévoyaient 13 engagements : mettre en place un coordinateur de centre-ville, renforcer la politique de sécurité, améliorer la propreté, garantir la diversité économique et commerciale, favoriser la pérennisation des associations de commerçants, etc. Un an et demi, Terre de commerces a voulu tirer le bilan de ce « partenariat ».

Jean-Luc Gosse, président de la fédération, est plutôt satisfait. « Les municipalités ont bien perçu qu’on n’était pas toujours dans la complainte du commerce qui ne marche pas, explique-t-il. Il y a eu des résultats significatifs. Pendant 20 ans, les commerçants ont subi mais là, on a l’impression qu’un virage est amorcé au niveau du département ». Seul bémol… Marseille. Beaucoup de commerces de proximité du centre-ville se trouveraient, à l’écouter, dans une situation « de survie ». La faute aux travaux et aux centres commerciaux.

Des centres champignons

« On est en train de rattraper 40 ans d’inaction au niveau du commerce, analyse Jean-Luc Gosse. On est en train de mettre Marseille au 21e siècle. Malheureusement, il y a une concomitance entre la mise à niveau organisationnelle et circulatoire de l’espace public et le développement de l’offre commerciale qui impacte directement le commerce de proximité ». Illustration avec les travaux du tram qui ont duré deux ans et demi, quasiment un an de plus que prévu, et provoqué la fermeture d’une soixantaine de boutiques dans la rue.

Parallèlement, les centres commerciaux poussent comme des champignons depuis deux ans : les Terrasses du Port (61.000 m2 et 190 boutiques), les Voûtes de la Major (une vingtaine de boutiques), les Docks (80 commerces) et bientôt le centre commercial du Prado (23.000 m2 et 50 boutiques). Selon la mairie, ces ouvertures ont permis de diminuer « l’évasion commerciale » : d’un milliard d’euros au début des années 2000, elle serait passée à 750 millions d’euros en 2014. Problème : les commerces du centre-ville n’ont pas l’impression d’en bénéficier.

Des parkings trop chers

Ils poussent donc la municipalité à intervenir, en baissant, par exemple, le tarif des parkings du centre-ville qui sont tous gérés par des opérateurs privés en délégation de service public. « Il est anormal que dans la deuxième ville de France, il y ait des délégations de service public avec des prix de stationnement aussi élevé, s’indigne Jean-Luc Gosse. Il y a eu un dysfonctionnement dans les appels d’offres. Ce n’est pas au citoyen de payer et de compenser le fait qu’une multinationale pratique des prix prohibitifs ».

Le président de Terre de commerces demande à la ville de « renégocier les contrats (de DSP) et de faire en sorte que les Marseillais puissent disposer de stationnements qui permettent à ces sociétés de (…) retrouver leur investissement sans que cela hypothèque le pouvoir d’achat des gens qui viennent ici. Nous demandons simplement à être dans la moyenne française » des tarifs appliqués, précise Jean-Luc Gosse.

Selon un sondage du site d’autopartage Tripndrive, paru cet été, Marseille est, avec Lyon, la ville où la journée de stationnement dans un parking souterrain est la plus chère : 30 euros. A Paris, il faut débourser 29 euros, Toulouse 26 euros, Bordeaux 19 euros et Montpellier 13 euros.