RISQUESMarseille: «Il pourrait y avoir des inondations mettant en danger des vies»

Marseille: «Il pourrait y avoir des inondations mettant en danger des vies»

RISQUESC'est ce qu'affirme Victor Hugo Espinosa, ingénieur en risques, pointant le fait que la ville manque notamment de bassins de rétention…
Amandine Rancoule

Amandine Rancoule

Un signal d’alarme pour Marseille. « Si des intempéries comme celles sur la côte d’azur ce week-end venaient à frapper la ville, oui, nous serions en danger », affirme Victor Hugo Espinosa, ingénieur spécialisé dans les risques et président du réseau « Ecoforum ».

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« Augmenter la capacité des bassins de rétention »

Pour lui, il faut d’abord augmenter la capacité des bassins de rétention. « Marseille compte 150.000 m3 de bassins de rétention, soit sept fois moins que Barcelone et dix fois moins que Bordeaux », précise l’ingénieur.

En juillet 2014, Marseille Provence Métropole a signé un contrat d’agglomération avec l’agence de l’eau Rhône Méditerranée et Corse dans lequel la communauté urbaine s’engage à mettre en place un programme de travaux sur cinq ans pour un montant de 185,6 millions d’euros. Cinq bassins de rétention enterrés vont s’intégrer sur le réseau unitaire, permettant le stockage d’un volume total de 140 000 m3, pour 154 millions d’euros. « Avec les cinq nouveaux aménagements, la capacité de stockage des eaux de pluie va être multipliée par dix », souligne MPM.

« Il y a urgence car le débit de l’Huveaune peut passer de 1 m3 par seconde à 300 m3 par seconde, la station d’épuration peut traiter un maximum de 19 m3 par seconde et l’émissaire de Cortiou peut dévier un maximum de 11 m3 par seconde », souligne Victor-Hugo Espinosa.

Redonner un fonctionnement naturel à la rivière

L’Huveaune est longue d’une cinquantaine de kilomètres et traverse sept communes. Elle prend sa source dans le massif de la Sainte-Baume et se jette dans la mer, à Marseille. « On peut contribuer à la sécurité des populations face aux crues en redonnant un fonctionnement naturel à la rivière », préconise l’agence de l’eau.

Dans le cas de petites et moyennes intempéries, elle recommande une nouvelle gestion des rivières pour prévenir les inondations. Lundi, l’agence a ouvert un appel à projet de 25 millions d’euros « pour renaturer les rivières et lutter contre les inondations ».



Il est destiné à favoriser des études et des travaux qui permettront de réduire les risques d’inondations.

« Des espaces de pleines terres, des garages sous les immeubles, de toits végétalisés… »

Car pour Victor Hugo Espinosa, « il pourrait y avoir des inondations mettant en danger des vies en cas de fortes pluies : les bords de l’Huveaune sont de plus en plus bétonnés ». L’ingénieur recommande une éducation des habitants aux situations de risques, avec la mise en place d’ambassadeurs expliquant « à quel moment partir et dans quelle direction ».

« Il y a trop de béton et l’eau arrive donc plus vite sur les points bas de la ville comme sur les secteurs du Prado et de la statue du David ou encore sur le Vieux Port », souligne-t-il.

Un danger pris en compte par la ville, selon Laure-Agnes Caradec (LR), élue municipale à l’urbanisme et au droit des sols. « Dans nos documents, nous exigeons désormais des espaces de pleines terres, de 20 à 40 % autour des bâtiments, des garages sous les immeubles, de toits végétalisés…, indique-t-elle. La conception de l’urbanisme a changé depuis les années soixante où les alentours des bâtiments étaient complètement bétonnés. Dans la ville, nous avons aussi des parcs comme celui du 26e Centenaire ou le futur parc de 14 hectares des Aygalades », souligne Laure-Agnes Caradec. Des parcs faisant office de bassins de rétention naturels en cas de fortes pluies.