Jean-Baptiste Lemoyne n’aime pas qu’on fasse passer les sénateurs pour des tire-au-flanc. Ce qu’ont un peu été les hommes de Michel au Vélodrome dimanche. Mais la comparaison entre sénateurs et footballeurs n'a-t-elle vraiment aucun sens? L'élu de l’Yonne, fan de l’AJ Auxerre, a répondu aux questions de 20 Minutes, après avoir donné son avis au portier de l'OM.

OM-Angers : Les Marseillais jouent « comme des sénateurs » ? Un élu répond à Steve Mandanda

Vous n’avez pas aimé la comparaison de Steve Mandanda entre joueurs de l’OM en échec et sénateurs…
J’ai réagi parce qu’il y a cette image qui court sur les sénateurs de mecs plein de thunes qui en branlent pas une. C’est un lieu commun. Je pense qu’il voulait évoquer quelqu’un qui va d’un pas lent, endormi, pas alerte.

Les Olympiens jouent en ce moment deux matchs par semaine. Un en Ligue Europa, un en championnat. Et ils s’entraînent quasiment chaque jour… C’est quoi votre planning à vous ?
C’est un peu pareil. On doit jongler entre des activités locales et des fonctions nationales. Dans ma permanence, je suis comme une assistante sociale. Parallèlement, je siège au Sénat. En ce moment, on est sur la loi de santé [Jean-Baptiste Lemoyne est sorti de l’hémicycle pour répondre à nos questions]. J’ai rencontré des syndicats de médecins, il y a tout un travail entre les séances et les commissions. Ce week-end, je n’ai eu que deux heures de libre. J’ai couru des foires de ma région (vide-greniers à Cheu, gastronomie à Chemilly etc).

« La commune de La Belliole aux couleurs médiévales ! Frissons garantis lors des tournois ! #DirectTerrain pic.twitter.com/6xomW5GlG3 — JB Lemoyne (@JBLemoyne) September 27, 2015 »

On travaille 7j/7. Quand je suis au Sénat à Paris (mardi, mercredi et jeudi matin), on commence à 8h30 jusqu’à 13h, puis on reprend de 15h à 20h et enfin de 21h30 à 1h du matin.

Mais c’est quand même un peu moins physique de siéger au Sénat que d’enchaîner des sprints et des abdos sur la pelouse ?
C’est autre chose. Il faut avoir la santé pour faire de la politique. Sinon le moindre virus qui passe… Le fait d’avoir une bonne condition physique est un réel avantage. On a besoin d’être percutant et d’absorber beaucoup d’informations dans un temps court. Je fais au moins deux nuits blanches de travail par trimestre. Et le lendemain, je repars en voiture dans l’Yonne.

Le risque de blessure est donc bel et bien présent pour vous aussi ?
Je prends la voiture, je n’ai pas le choix. Et je n’ai pas de chauffeur ! Je me surprends parfois à être à deux doigts de m’endormir….

Qu’est-ce qui est le plus dur psychologiquement, perdre un match sans la manière face à un promu ou ne pas être réélu dans sa circonscription ?
Le traumatisme est le même. Footballeurs et politiques, on met beaucoup de nous-mêmes dans le combat. Quand on est battu, ça fait mal. Mais eux peuvent se rattraper une semaine après au prochain match. Nous, on doit attendre trois, quatre ou cinq ans.

Quel aurait été la bonne comparaison selon vous à propos de la performance des Marseillais dimanche ? « Nous jouons comme des… » ?
Je n’ai pas la réponse. Mais vu le boulot qu’on abat, jouer comme des sénateurs devrait plutôt être associé à un match de gala, un classico, un OM-PSG ou un OM-OL.

Le dernier OM-OL ne s’est pas très bien conclu. Vous jetez aussi des bouteilles en verre dans l’hémicycle ?
Au Sénat, on est moins dans la tradition de l’insulte qu’à l’Assemblée nationale (A.N). Il y a une sorte d’intelligence collective alors que le clivage droite-gauche transforme l’A.N en théâtre. Ici, on a une réputation de sérieux.