POLITIQUERégionales: Qui est Franck Allisio, la nouvelle recrue de Marion Maréchal Le Pen?

Régionales: Qui est Franck Allisio, la nouvelle recrue de Marion Maréchal Le Pen?

POLITIQUEL'ancien président des Jeunes Actifs des Républicains a rejoint le Front national...
Mickael Penverne

Mickael Penverne

Qui est Franck Allisio ? Un militant qui a choisi des « convictions » contre son « confort, ses intérêts, l’habitude » comme il se décrit lui-même ou un homme aigri de n’avoir jamais été obtenu la place qu’il souhaitait, comme on le raconte aux Républicains ? Jusque-là inconnu du grand public, l’ancien président des « Jeunes actifs » des Républicains s’est fait un nom dimanche en annonçant sa démission du mouvement et son ralliement au Front national.

Originaire de Marseille, Franck Allisio a adhéré à l’UMP dès sa création, il y a une douzaine d’années. Mais ces années de militantisme viennent d’être effacées d’un trait de plume. Comme si, aujourd’hui, plus personne ne se souvenait de lui, ou seulement du bout des lèvres. « Je sais juste qu’il a fait plusieurs tentatives d’implantations dans la région avant de partir à Paris », témoigne par exemple Ludovic Perney, président des Jeunes Républicains dans les Bouches-du-Rhône.

« Il m’avait contacté pendant la campagne des municipales, se souvient plus précisément Bruno Gilles, sénateur-maire du 3e secteur et secrétaire départemental des Républicains. Il avait fait le tour à Aix et Marseille pour obtenir une place éligible. Tout le monde se le refilait comme le mistigri mais personne n’en voulait. Maryse Joissains, vous la connaissez, elle n’est pas du genre à se laisser imposer qui que ce soit. Et nous de notre côté, on cherchait des voix. Sauf que lui n’avait aucune assise électorale. »

Déçus de droite

Franck Allisio a ensuite tenté sa chance à Avignon. Mais il se serait fait « jeter », selon les propos de Renaud Muselier. Finalement, il est parti à Paris pour travailler au cabinet de Roger Karoutchi et de Nathalie Kosciusko-Morizet avant de prendre la tête des « Jeunes Actifs », un mouvement qui rassemble les plus jeunes militants ayant un travail. « Franchement, je ne sais même pas comment il a pu atterrir là-bas », reprend l’eurodéputé qui dit ne pas savoir à quoi Franck Allisio « ressemble ».

Pourtant, sa démission est à un nouveau coup dur pour les Républicains à trois mois du premier tour des élections régionales. Olivier Bettati, ancien bras droit de Christian Estrosi, a déjà rejoint Marion Maréchal-Le Pen en juillet pour conduire la tête de liste dans les Alpes-Maritimes – ce qui a d’ailleurs provoqué quelques tensions au sein du parti frontiste. De son côté, Franck Allisio a été nommé porte-parole de la députée du Vaucluse durant la campagne en attendant de connaître sa position sur la liste FN des Bouches-du-Rhône.

« Faire basculer (...) des déçus de droite»

« Si l’UMP revenait aux affaires en 2017, ce serait avec les mêmes hommes et les mêmes femmes, qui redeviendraient à peu près les mêmes ministres pour (…) faire à peu près la même chose. Je ne voulais pas être complice d’une trahison des électeurs et des militants une nouvelle fois », s’est-il justifié dimanche lors d’une conférence de presse commune avec Marion Maréchal-Le Pen.

« Franck fait partie de ces gens qui aujourd’hui ont le courage de bousculer les choses, de mettre un coup de pied dans la fourmilière et va permettre certainement de faire basculer au sein des électeurs, un bon nombre de ces déçus de droite », s’est félicité la tête de liste du Front national.

Au sein du FN

Du côté les Républicains, ce n’est pas une surprise : ce second désistement en quelques semaines est largement minimisé. Franck Allisio « n’a pas de surface électorale. On peut bien le présenter comme une prise de guerre mais ce n’est rien », assure Renaud Muselier en le qualifiant « d’opportuniste ». « Tout le monde en parle aujourd’hui, mais dans quelques jours, il retombera dans l’anonymat », prophétise même Bruno Gilles.

Philippe Memoli, vice-président des Jeunes Actifs, est l’un de ceux qui le connaissaient le mieux. Pourtant, il assure avoir appris la nouvelle par la presse, dimanche soir : « Tout le monde n’arrêtait pas de m’appeler ou de m’envoyer des textos. Je n’ai même pas pu regarder le match [OM-Bastia] tranquillement »… Celui qui compte bien prendre sa succession s’étonne encore de son choix : « Je le voyais plutôt comme un centriste (…). ll a peut-être souffert de n’avoir jamais eu la reconnaissance qu’il attendait ».

Pas sûr non plus que Franck Allisio obtienne cette reconnaissance dans les rangs du FN où tout le monde ne l'attend pas les bras ouverts. « On déniche des nouveaux qui sortent de nulle part sans vérifier leur réel état d’esprit ni leur réelle implication dans le mouvement, grommelle Laurent Comas, ancien secrétaire départemental du Front et partisan de la « ligne » Jean-Marie Le Pen. C’est un coup de poker mais quand les sondages sont hauts, il faut toujours prendre leurs intentions avec des pincettes. »