INTERVIEW«L'héritage de Bielsa, l'OM ne va pas en profiter», déplore le créateur de Bielsa No Se Va

«L'héritage de Bielsa, l'OM ne va pas en profiter», déplore le créateur de Bielsa No Se Va

INTERVIEWIl y a un mois, après la départ du coach argentin, Alexandre voulait « tout casser »…
Christine Laemmel

Propos recueillis par Christine Laemmel

On n’entend plus chanter les Bielsa No Se Va (»Bielsa ne t’en va pas »). Leur idole est partie. Sans doute encore cloîtré dans un no man’s land, comme il a coutume de faire entre deux contrats. Derrière sa page Facebook qui fait grise mine, Alexandre, créateur du mouvement, tourne en rond. Il a répondu aux questions de 20 Minutes.

Les six phases de la rupture amoureuse entre Marcelo Bielsa et les supporters de l’OM

Avez-vous fait votre deuil de Marcelo Bielsa ?

Deuil, c’est un grand mot. Ça a été très dur jusqu’à l’arrivée de Michel. Les supporters qui l’avaient tant adulé ne comprenaient pas. Il y avait forcément une explication. Moi, je suis juste triste. Je ne retiens que les bons moments. Les joueurs se sont transformés en guerriers. Je me dis que le temps lui donnera raison. On le voit déjà avec la mise au placard du projet Dortmund et l’immixtion de Doyen Sport. Mais avec un entraîneur qui vit chaque entraînement comme si sa vie en dépend et un actionnaire qui s’en fiche, c’était incompatible. Nous, on luttait pour que le club le garde, parce que c’était l’homme idoine.

Vous dites que Marcelo Bielsa était incompatible avec le club mais qu’il était aussi l’homme qui lui convenait parfaitement ?

Parce qu’on avait enfin l’espoir que ça allait changer.

Qu’est-ce que vous vouliez changer ?

Apporter de l’exigence, du professionnalisme. On est toujours dans le flou le plus total. On recrute quinze joueurs et on en vend quinze. Avec Bielsa, même les mauvais, on se disait qu’il savait quoi en faire. Si lui n’a pas réussi, qui va réussir ?

Et Michel ?

Michel accepte tout ce qu’on lui dit. C’est un bon entraîneur et une ancienne légende. Mais il donne juste son avis. C’est un énième entraîneur classique. Un beau gosse classe qui sourit et plaît aux médias. Il y a une certaine continuité dans la philosophie, le beau jeu. C’est un bon compromis pour les joueurs et les médias. Et pour Labrune, la vie sera plus simple.

Dans dix ans, qu’aura-t-on retenu du passage de Bielsa ?

Pas grand chose. Au Mexique, ça fait vingt ans qu’il est parti, mais ils continuent à suivre ses méthodes d’entraînement. Au Chili, on lui a attribué la victoire de la Copa America alors qu’il était parti depuis cinq ans. A Marseille, on détruit tout ce qu’il a apporté. Tous les joueurs qu’il a amenés sont partis. Son héritage, on ne va pas en profiter.

On a même l’impression que les supporters l’ont déjà oublié…

Je pensais assister à une révolution à la Commanderie. Moi-même j’étais révolté. Je crois que les supporters ont été amadoués par la direction. C’est un coach qui nous a bien fait kiffer pendant un an et voilà.

Que va devenir le mouvement Bielsa No Se Va?

Je suis en phase de réflexion sur la suite à donner. La page Facebook sortait de l’ordinaire, comme Marcelo Bielsa. Les trois jours qui ont suivi, je m’en suis servi pour rétablir la vérité. Après, je ne voulais pas la transformer en page d’actualité sur l’OM, il y en a déjà cinquante. Je pourrai continuer à parler de lui, j’ai lu toutes ses biographies mais sur la page il n’y a que des supporters de l’OM. Je vais peut-être la reprendre pour un futur mouvement lié au club. Je ne veux pas la gâcher.