OM: «Vincent Labrune est sur un modèle anglo-saxon, où le directeur sportif n’existe pas»
FOOTBALL•L'OM a-t-il vraiment besoin d'un directeur sportif?...Propos recueillis par Christine Laemmel
«Le président fait ce qu’il peut, mais sans directeur sportif… », c’est compliqué. Adrien, supporter dépité après la clôture du mercato estival, rejetait ce mardi matin en pâture, un débat vieux comme le départ de José Anigo. Manque-t-il un directeur sportif à l’OM? 20 Minutes a posé la question à Riad Ouled, de l’école de management du sport AMOS.
A quoi sert un directeur sportif dans un club de football ?
C’est l’interface entre le terrain et la politique du club. Il transforme la théorie en pratique. Il donne les directives au staff technique et conseille le président. C’est le seul poste qui a un mot à dire au niveau de la politique, du staff et du recrutement.
Et plus spécifiquement pendant le mercato ?
C’est la personne qui connaît le budget, la valorisation des joueurs, l’investissement fait sur des années. C’est l’arbitre pendant les négociations. En début d’année, ils font un point sur les faiblesses de l’équipe, les jeunes en train de pousser. Il va dire voilà les entrées et les sorties que l’on peut envisager.
Que pensez-vous des cas où le directeur sportif est aussi président, comme Vincent Labrune de manière officieuse ?
Vincent Labrune est sur un modèle anglo-saxon, où le directeur sportif n’existe pas. On a toujours cette petite frontière avec les compétences de l’un et de l’autre. Là, le fait d’avoir une seule personne facilite la gestion des dossiers par rapport à la réactivité pour acheter un joueur.
Donc c’est plutôt un avantage ?
Bien sûr. Il y a une étape en moins dans la prise de décision.
Dans le système anglo-saxon, où il n’y a pas de directeur sportif non plus, vous ne relevez pas de lacunes ?
On ne peut pas comparer. C’est franco-français. Les présidents doivent normalement ne s’occuper que de la politique. En France, ils aiment se mettre sur le devant de la scène. Comme Jean-Michel Aulas. Mais en Angleterre, vous avez des entraîneurs managers, comme Arsène Wenger, José Mourinho. Ce sont des personnes qui ont leur rôle de directeur sportif et d’entraîneur. Le président doit être dans l’ombre. En France c’est l’inverse.
Dans le cas de l’OM, le manque de directeur sportif est une critique qui revient souvent…
C’est compliqué à l’OM. Pendant des années, on a eu des présidents avec une forte personnalité qui prenaient plus de décisions qu’un directeur sportif. Puis on a eu un directeur sportif, José Anigo, qui lui prenait les décisions au-delà du président. Donc il y avait toujours un conflit. Mais là, je trouve que c’est une bonne chose, un président qui s’implique, qui est à la fois conscient du retour sur investissement et de la pédagogie du jeu, c’est-à-dire qu’il va aider son staff technique en amenant de vrais joueurs. On le critique mais il a beaucoup mouillé la chemise pendant ce mercato pour avoir des joueurs capables de répondre aux attentes du public comme du staff. Et ce deux fois. Il a dû accepter les choix de Bielsa puis refaire ça avec les attentes de Michel.
A-t-il vraiment les compétences pour assumer la double casquette ?
Vincent Labrune est très bien entouré. Il y a une personne par exemple qui est dans l’ombre, Jean-Philippe Durand, ancien joueur de foot, qui est à la tête de la cellule de recrutement. C’est une des pièces qui œuvre pour la réussite de l’OM.
Donc l’OM n’a aucun besoin d’un poste dédié à un directeur sportif ?
Par rapport au recrutement et à la politique du club, non. Il manquerait peut-être une personne qui se charge de la politique générale du club.