Marseille: Le Vélo marseillais est-il trop cher?
SOCIETE•Le dispositif mis en place par JC Decaux coûterait plus de 3.200 euros par an et par vélo...Mickael Penverne
Le Vélo marseillais est-il le plus cher de France ? Fondateur de Mobiped, une société de conseil en accessibilité et en mobilité durable, Benoît Beraud a réalisé la première étude comparative des coûts pour les collectivités locales des différents dispositifs de vélos en libre-service (VLS). Selon ses calculs, le Vélo serait l’un des plus coûteux de l’Hexagone.
La facture s’élèverait à 3.267 euros par an et par deux-roues, contre 2.413 euros à Rennes, 2.250 euros à Orléans, 1.895 euros à Nice et 965 euros à Lyon. Mais ce serait finalement à Paris que le VLS serait le plus cher : environ 4.000 euros par an selon l’économiste Frédéric Héran cité par Le Monde.
Le contrat entre le délégataire, Cyclocity, une filiale de JC Decaux, et la communauté urbaine de Marseille a été signé en 2007 pour une durée de 15 ans et un montant de 38.7 millions d’euros (hors taxe). Il aura fallu 2013 pour qu’il rentre dans les habitudes de Marseillais - et des touristes. Cette année-là, le cap des 800.000 locations est franchi.
Le Vélo compte aujourd’hui un millier de bicycles, 130 stations et plus de 11.000 abonnés. « C’est un outil pédagogique important. Ils ont fait beaucoup de bien pour la visibilité du deux-roues à Marseille, opine Benjamin Clasen, président du collectif Vélo en Ville. Maintenant, on est aussi conscient que c’est très cher ».
« C’est dérisoire »
« Si les VLS sont un formidable outil marketing, les ressources budgétaires décroissantes des collectivités interpellent sur la pertinence d’un tel investissement par rapport à d’autres actions au sein d’une politique cyclable », souligne Benoît Beraud. Contactée, la société JC Decaux n’a pas souhaité répondre à nos questions préférant renvoyer la balle vers la communauté urbaine de Marseille qui, elle, « n’arrive pas aux mêmes chiffres ».
« Le coût annuel s’élève à 2,8 millions d’euros, ce qui donne un coût moyen de 2.800 euros par an et par vélo », explique-t-on à Marseille Provence Métropole. En outre, la collectivité perçoit des recettes de la part de JC Decaux de l’ordre de 300.000 euros par an, ajoute-t-on. Enfin, « nous proposons un des abonnements les moins chers de France : cinq euros par an - contre 29 euros à Paris et 25 euros à Lyon. Et si on utilise la carte Transpass, c’est un euro. C’est dérisoire ».
Un « produit de substitution »
Quelques collectivités ont déjà abandonné le vélo en libre-service, en raison notamment de son coût. Aix-en-Provence fut la première à franchir le pas. Après quatre années d’exploitation, la municipalité a mis fin au contrat qui la liait à JC Decaux en 2011. Les 200 bicyclettes en libre-service V’Hello n’avaient attiré que 143 abonnés pour un coût de 600.000 euros par an.
D’autres villes, comme Bordeaux, Grenoble ou Strasbourg, ont opté pour des solutions de location de longue durée « moins onéreuses », selon Benoît Beraud. « Le VLS est un outil pour les collectivités territoriales pour pallier rapidement à de nombreuses difficultés liées à la pratique du vélo. Mais ce produit de substitution ne doit pas être un prétexte pour les collectivités pour ne pas traiter les problèmes de fond à la base ou d’utiliser des solutions plus efficaces », conclut-il.