Marseille: Onze interpellations dans une affaire de racket sur le chantier de la L2
FAITS DIVERS•Ils proposaient de sécuriser les sites en échange de l'embauche de jeunes...Amandine Rancoule
Onze personnes ont été interpellées lundi matin dans les cités de Picon-Busserine (14e) et sur le chantier de la L2. Elles ont été placées en garde à vue. Elles sont notamment soupçonnées d'extorsion en bande organisée, de travail dissimulé et d'infractions à la réglementation des activités de sécurité. Les présumés malfaiteurs auraient exercé des pressions sur des chefs de chantier de la rocade L2, une voie de contournement du centre-ville reliant l’A7 et l’A50. Le chantier est géré par une filiale du groupe Bouygues.
Ils proposaient de dispenser des conseils en sécurité sur les chantiers pour faire face à de probables futurs problèmes, en échange de l’embauche de jeunes des quartiers. Et pas question de refuser. En octobre, rapporte Le Point, une foreuse et plusieurs pelleteuses ont été incendiées. Le préjudice est estimé à 2 millions d’euros, le chantier prend plus de 15 jours de retard. Puis finalement un homme se présente devant les responsables du chantier : il peut faire cesser les sabotages. Une fois un accord trouvé, ce type de problème s’arrête net.
Finalement, un des responsables de la filiale de Bouygues dépose une plainte pour dénoncer ces pratiques de racket, «très courantes» à Marseille, confie une source policière. A la suite de cette plainte, une enquête est diligentée et mène aux interpellations de ce lundi.
«Les menaces et intimidations quotidiennes»
Ces interpellations «sont les résultats encourageants d’un combat mené par la Profession pour lutter contre les délits sur les chantiers, comme le racket, les menaces, les extorsions…, dont sont victimes les entreprises de Bâtiment comme les entreprises de Travaux Publics, exposant leurs salariés à des pressions psychologiques et physiques intolérables», indiquent dans un communiqué conjoint la Fédération du BTP 13 et la Fédération régionale des travaux publics.
Au total, 110 hommes de la Sécurité publique, du groupement interrégional de la police judiciaire (Gir), ainsi que des personnel de l'Urssaf, du Trésor public et du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS). Il s'agit de la première enquête menée par le groupe dédié aux travaux public de la division nord de la Sécurité publique à Marseille.
En février, le parquet de Marseille et la fédération ont signé un accord pour sécuriser les chantiers de la ville et ont mis en place un Groupement local de traitement de la délinquance (GLTD), unique en France. Ce type d’exactions coûte plus de 100 millions d’euros par an au secteur, qui déplore «les menaces et intimidations quotidiennes» sur leurs salariés.