Marseille: Un rapport pointe le bilan «mitigé» de la «méthode globale»
SOCIETE•Trois chercheurs se sont intéressés au Clos la Rose et à la Sauvagère...20 Minutes avec AFP
Le bilan de la «méthode globale» dans les zones de sécurité prioritaire (ZSP), une stratégie alliant opération policière massive et prolongée dans les cités sensibles, suivie d'interventions à caractère social, est «mitigé», selon un rapport indépendant publié vendredi.
«Le bilan des zones de sécurité prioritaires est pour le moins mitigé», peut-on lire dans la conclusion de ce document, commandé par la préfecture à l'Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux et dirigé par le sociologue Laurent Muchielli.
Les trois chercheurs se sont intéressés à deux cités considérées comme difficiles et auxquelles la méthode a été appliquée: celle du Clos la Rose et de la Sauvagère, réalisant à la fois une étude quantitative basée sur un questionnaire et qualitative avec des entretiens.
Le trafic de stupéfiants «persiste»
Premier constat, malgré la présence massive des CRS, «le trafic de stupéfiants, point central dans l'approche globale, est un phénomène qui n'a jamais été durablement stoppé. Il a pu momentanément s'arrêter et il a pu se déplacer. Mais, dans les deux cas étudiés, il persiste», estiment les chercheurs. Pour l'expliquer, ils évoquent «l'ampleur de la demande de drogue» et «l'ampleur des mécanismes d'exclusion socio-économique favorisant cette économie parallèle». «Si les acheteurs de cannabis se rencontrent dans tous les âges, toutes les classes sociales et tous les niveaux de diplôme, les réseaux de vente prospèrent dans des zones» défavorisées, rappellent les auteurs.
«La présence massive de CRS dans ces cités n'a pas eu d'impact particulier sur l'évolution de la délinquance locale, qu'il s'agisse de la délinquance constatée de manière générale ou du trafic de drogue en particulier», insistent-ils.
Amélioration du cadre de vie
Les chercheurs considèrent en revanche que la méthode globale a été plus efficace sur le plan de l'action sociale et de l'amélioration du cadre de vie, relançant «la dynamique partenariale là où cette dernière était en défaut ou en sommeil».
L'implication de l'Etat «a manifestement permis d'apporter plus rapidement des réponses concrètes aux problèmes rencontrés par les acteurs institutionnels de chacun des territoires étudiés» et conduit «à une amélioration du cadre de vie des habitants», poursuivent-ils.
«Un certain nombre de problématiques de fond constituent des freins considérables et limitent toute perspective d'amélioration durable des questions de sécurité locale», mettent encore en garde les chercheurs, qui évoquent «l'échec et l'absentéisme scolaires», «la grande précarité économique et sociale d'une partie des familles de ces cités» ou encore «le taux de chômage particulièrement inquiétant».