Marseille: Les festivals à bout de souffle en PACA
CULTURE•Après Les Voix du Gaou en 2014, d'autres manifestations ont été supprimées ou annulées...Mickael Penverne
Les festivals vont-ils tirer le rideau les uns après les autres? Un site Internet, baptisé «cartocrise», recense depuis janvier toutes les manifestations annulées et les structures culturelles fermées ces dernières années en France. On dénombre sur cette infographie une centaine de manifestations supprimées en raison principalement des coupes budgétaires opérées par les collectivités locales. La région n’échappe pas à ces fermetures.
Culture: Une centaine de festivals supprimés faute de subventions
En 2014, l’un des plus gros festivals en PACA, Les Voix du Gaou, a été annulé. Son déficit, creusé par la hausse des cachets des artistes (dont les ventes d’albums ne suffisent plus pour se rémunérer) et la baisse des subventions publiques, avait atteint 160 000 euros. «Le modèle économique de cet événement n’était toujours pas viable, malgré les efforts consentis par la mairie de Six-Fours à l’occasion de la nouvelle délégation de service public», avait expliqué son directeur Rabah Houia avant de jeter l'éponge.
┬A flux tendus»
Depuis, d’autres événements musicaux ont été annulés comme le festival d’Hyères et celui des Garrigues, à Brignoles. Dans les Bouches-du-Rhône, Salon Public à Salon-de-Provence, la Folle histoire des arts de la rue et le Festival du Soleil ont subi le même sort. Parallèlement, des manifestations, comme le festival Avec le Temps qui démarre jeudi soir à l’Espace Julien, ont du mal à joindre les deux bouts. En 2014, le conseil régional a coupé 40% de son aide. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée.
«On nous a fait savoir qu’il ne fallait pas s’attendre à une hausse des subventions, soupire Denis Larroussinie, directeur artistique du festival. Depuis deux ans, nous sommes à flux tendus. Nous avons encore la capacité de maintenir l'événement, mais nous ne pouvons pas descendre d’une nouvelle marche sinon il serait menacé ». Avec le Temps s’est donc mis à la recherche de nouveaux «partenaires» pour assurer une programmation «plus riche» et un fonctionnement plus «confortable».
«Nous avons des pistes mais pour l’instant, rien de précis, indique Denis Larroussinie. Il faut surtout que les collectivités cessent de baisser les subventions. Ce n’est pas normal qu’à chaque fois, ce soit la culture qui soit la première visée.» Si tous les manifestations culturelles connaissent des difficultés de trésorerie, quelques-unes parviennent néanmoins à maintenir leur programmation. Babel Med Music, qui se déroule du 26 au 28 mars aux Docks des Suds, «résiste plutôt mieux (...) sans doute parce qu’il est plus gros», explique Olivier Rey, chargé de la communication.
Nuisances sonores
Avec un budget de 800 000 euros, l’événement est soutenu par le conseil régional à hauteur de 38%. Les partenariats assurent 44% du financement et la billetterie 18%. «On a subi une légère décrue des subventions, à l’image de ce qu’il se passe ailleurs mais le festival n’a, pour l’instant, jamais été menacé», indique Olivier Rey. Babel Med Music garde la tête hors de l’eau grâce aussi à sa formule hybride qui mêle concerts ouverts aux publics et marché international réservé aux artistes, agents et tourneurs. Cette année, près de 2.000 professionnels se sont inscrits à l’événement.
Mais en mettant à l'honneur les «musiques du monde», Babel Med Music n'est pas non plus à l'abri. Dans la petite commune de Luc-en-Provence, dans le centre-Var, le festival de musiques électroniques Amne’Zik Open Air Festival a été supprimé par la municipalité Front national à cause du «risque majeur d'incendie, en période estivale, (des) nuisances sonores engendrées par ce type de manifestation» et de la «consommation d'alcool et de stupéfiants». Or, le FN espère prendre les rênes de la région PACA en décembre.