Marseille: Condamnés pour la vente de chardonnerets
JUSTICE•Le tribunal correctionnel de Marseille a examiné ce vendredi une affaire de détention et de commerce d'une espèce protégée...Mickael Penverne
Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné ce vendredi sept personnes poursuivies pour détention, transport et mise en vente d’espèce animale protégée, en l’occurrence des chardonnerets, un petit oiseau apprécié pour son chant mais dont la population est en chute libre depuis plusieurs années à cause de l’évolution de l’agriculture (disparition des bosquets, utilisation des pesticides…) et du trafic. Le tribunal a prononcé des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à 500 euros d’amende.
Le 16 février 2014, les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) débarquent au marché aux puces des Arnavaux (15e). Dans leur viseur, des commerçants qui vendent illégalement des espèces menacées de disparition. C'est la première fois que les fonctionnaires mènent une telle opération coup de poing. Ce jour-là, ils récupèrent 116 animaux sauvages, pour une valeur estimée à 15.000 euros, dont 77 chardonnerets enfermés dans des cages minuscules.
«Le trafic d’animaux sauvages est le 3e ou 4e trafic mondial», a rappelé ce vendredi à la barre Jean-Yves Bichaton, chef du service départemental de l’ONCFS. Celui de chardonneret prospère parce que les «risques sont faibles», les sanctions «légères» et les profits «élevés». Un oiseau se revend en effet entre 100 et 200 euros en moyenne au marché noir. «Ce trafic concerne plusieurs acteurs: celui qui capture, celui qui transporte et celui qui vend, explique Jean-Yves Bichaton. Ce n'est pas toujours le même. Mais chacun a son petit rôle» et contribue à la disparition de l'animal.
Le «paysan des Alpes»
Pour capturer les chardonnerets, les braconniers les attirent avec d’autres oiseaux chanteurs, comme le pinçon, et les piègent à l’aide de baguettes de glue. C’est ce que faisait Jean-Marie Sciacca, 58 ans, sur un terrain vague du 14e arrondissement. Quand il s’est fait arrêter par les agents de l’ONFCS, le 10 janvier dernier, il avait sur lui cinq baguettes de colle et un chardonneret qu’il avait acheté aux puces des Arnavaux et qui devait lui servir d'appât.
A la barre, cet ancien ouvrier-compagnon n’exprime aucun remords et ne plaide pas non plus l’ignorance. Il se montre même assez arrogant, ce qui énerve la présidente du tribunal, Julie Heisserer. «Je n’ai pas eu de pot ce jour-là. Ce n’était pas mon jour», hausse-t-il des épaules. La procureure de la République, Sophie Mercier, avait requis 3 mois de prison avec sursis à son encontre. L e tribunal l’a condamné à 4 mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende.
Jean Castiglione a été interpellé aux Arnavaux le 16 février avec 19 chardonnerets qu’il avait achetés, soi-disant, à un paysan venu des Alpes. «Je ne savais pas que c’était interdit », se défend le retraité. «Cette histoire du paysan des Alpes, je n’y crois pas, réplique l’avocat de l’Association de protection des animaux sauvages (APAS), Benoît Candon. Je pense plutôt qu’il s’agit d’un trafic international en provenance des pays du Maghreb où l’on est très friand de ces oiseaux». Jean Castiglione a été condamné à un mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende.