SANTEMarseille: Un médicament pour prévenir le Sida

Marseille: Un médicament pour prévenir le Sida

SANTEUne équipe de chercheurs marseillais a participé à l'étude Ipergay...
Mickael Penverne

Mickael Penverne

Selon les scientifiques, il s’agit d’une avancée majeure dans la lutte contre le VIH. Une étude de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) vient de démontrer l’efficacité d’un médicament, le Truvada, dans le traitement préventif du virus. Une équipe de chercheurs de l’Université Aix-Marseille, sous la direction du professeur Jean-Paul Moatti, a participé à cet essai baptisé Ipergay.

L’étude a été menée auprès de 400 homosexuels séronégatifs en France et au Québec. La moitié s’est vue prescrire le médicament. Ils devaient prendre deux comprimés dans les 24 heures avant un rapport non-protégé et deux autres dans les 48 heures après le rapport. L’autre moitié du groupe bénéficiait d’un placebo.

Au bout d’un an, 14 patients sont devenus séropositifs, dont deux seulement dans le groupe traité au Truvada*. Soit un taux d’efficacité de 86%. «C’est la première fois que l’on a un taux de protection aussi élevé, indique Bruno Spire, directeur de recherches à l’Inserm à Marseille et président de l’association AIDES. C’est à peu près le même niveau que le préservatif qui est de 90%».

Le taux de «réussite» aurait pu être plus élevé si les deux participants infectés n’avaient pas interrompu leur traitement. Selon les chercheurs, le médicament a été relativement bien toléré par les patients, c’est-à-dire sans effets secondaires graves. «Seuls 13% d'entre eux se sont plaints de légère diarrhée», détaille Bruno Spire.

En vente aux USA

Le Truvada existe depuis une quinzaine d’années. Il a d’abord été prescrit pour traiter les malades atteints du VIH. Puis, les chercheurs se sont rendu compte qu’il pouvait aussi être utilisé en traitement préventif. Aujourd'hui, Ipergay démontre que ce médicament est encore plus efficace quand il est prescrit «à la demande», c’est-à-dire en fonction des rapports sexuels à risque.

La molécule, produite par le laboratoire Gilead, est déjà en vente aux Etats-Unis. Là-bas, près de 10.000 personnes s’en servent à titre préventif. En France, elle n'est pas encore autorisée. Les scientifiques espèrent que les résultats de cet essai convaincront les autorités de permettre sa mise sur le marché.

Mais celle-ci ne risque-t-elle pas d'inciter à laisser tomber la capote? «On ne dit pas aux gens de ne plus mettre de préservatif, s’agace Bruno Spire. On dit simplement que s’ils n’en ont pas mis, ils auront au moins la possibilité de prendre du Truvada (…). Certains disent que les homosexuels n’ont pas à prendre de médicaments pour se protéger. Mais dans ce cas, on pourrait dire la même chose pour les contraceptifs oraux».

*Depuis, ils ont été placés sous traitements rétroviraux.