Tirs à la Castellane: Deux personnes en garde à vue, deux autres écrouées
FAITS DIVERS•L'enquête de la police judiciaire de Marseille sur les tirs du 9 février à la Castellane progresse...Amandine Rancoule
Après les rafales de kalachnikovs tirées dans la matinée du 9 février à la cité de la Castellane (16e), sans faire de blessé, deux nouvelles personnes ont été interpellées à Marseille cette fois et placées en garde à vue. Elles sont actuellement entendues par la police judiciaire, chargée de l'enquête.
Deux hommes écroués
Dimanche, deux hommes ont déjà été arrêtés en Seine-Saint-Denis et transférés à Marseille lundi. Ils ont été écroués et mis en examen pour «tentatives d'homicide sur des agents des forces de l'ordre en bande organisée» et également pour «infraction à la législation sur les armes en bande organisée, trafic de stupéfiants en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre des tentatives d'homicide volontaire».
Les enquêteurs ont pu remonter jusqu'à eux grâce notamment aux empreintes ADN retrouvées sur des armes abandonnées. Dans l'après-midi du 9 février, après la sécurisation des lieux par le Raid 13 et un hélicoptère, la police judiciaire a découvert sept kalachnikovs et une vingtaine kilos de cannabis dans un appartement du rez-de-chaussée de l'immeuble 5. Les quatre occupants, deux couples, ont été placés en garde à vue, puis relâchés sans charge. Ils seraient des nourrices contraintes, c'est-à-dire qu'ils auraient accepté de cacher armes et drogue sous la menace des trafiquants. Sur le parking de l'immeuble un BMW dont la plaque ne correspondait pas au modèle, a été trouvé. A l'intérieur se trouvaient deux fusils à pompe, 400 cartouches de gros calibre et un gilet pare-balles.
Le déroulement de la matinée se précise
Les nouvelles auditions vont permettre aux policiers de continuer à reconstituer cette matinée mouvementée. Le 9 février, quelques heures avant la visite de Manuel Valls, le Premier ministre, venu vanter le recul de la délinquance dans la cité phocénne, des tirs ont été entendus vers 9h30 par des habitants de la Castellane. Ils préviennent de suite la police. En patrouille à proximité avec un équipage de la BAC, le directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône, Pierre-Marie Bourniquel, se rend immédiatement sur les lieux. Une seconde rafale est tirée à plusieurs dizaines de mètres de leurs véhicules. Le quartier est bouclé.
Dans un périmètre relativement restreint, au coeur de la cité, une soixantaine de douilles est retrouvée. Des témoins de la fusillade ont affirmé avoir vu «une dizaine» d'hommes cagoulés en possession d'armes de guerre au pied des immeubles.
«On a d'abord cru que c'était la police car ils avaient le même équipement, des cagoules, des gilets sombres avec des poches, racontait alors une habitante. Puis ça a tiré très vite alors j'ai fermé tous les volets».
Une guerre de territoire
Selon les premiers éléments de l'enquête, les premiers tirs ont en effet opposé deux bandes qui souhaitent toutes les deux prendre le contrôle d'un des trafics de stups de la cité. Il y aurait à la Castellane «4 ou 5 équipes de trafiquants», d'après une source policière. Toutes se disputent le territoire. Afin d'en prendre le contrôle, les trafiquants se sont déjà affrontés plusieurs fois. Selon la police, une première tentative de règlements de comptes a eu lieu au printemps 2013, sans aucun blessé. Dans la nuit du 14 au 15 janvier, un homme de 25 ans a été abattu d'une balle de 9 mm dans la tête.