Interdire le MMA, c'est comme interdire «une soupe avec tous les légumes réunis»
SPORTS DE COMBAT•Araïk Margarian a disputé le premier combat de pancrace de l'histoire de la Nuit des champions samedi soir...Loic Becart
Il faut une première fois à tout. Samedi soir, le pancrace était à l'honneur lors de la 21e Nuit des champions à Marseille, avec un combat au milieu d'une réunion de K-1. «On vit avec l'évolution de notre sport, explique l'organisateur Erick Roméas. Il y a quelques années on avait essayé la boxe thaï, mais ce n'était pas trop notre culture.»
Alors place au pancrace, cet art martial venu tout droit de la Grèce antique et proche du Mixed martial arts (arts martiaux mixtes, ou MMA), avec le combat entre le Marseillais Araïk Margarian et Benjamin Baudrier, venu de Saint-Cézaire-sur-Siagne (06). Très peu de pied-poing et beaucoup de techniques au sol et Margarian l'emporte devant son public, par un étranglement en nord-sud dans le premier round.
Au-delà de la victoire, le Marseillais est surtout content d'avoir offert une vitrine à sa discipline. «Gagner comme ça, c'est mieux que de le faire par une décision des juges», se satisfait-il.
Obligé de combattre à l'étranger
Il aimerait maintenant passer à la vitesse supérieure devant son public, à savoir s'exprimer en MMA. Mais la discipline est interdite en France. Seule une différence subtile existe entre le MMA et le pancrace: le premier autorise les coups au sol, pas le second. «Attention, les frappes au sol demandent beaucoup d'énergie, il ne faut pas se rater et bien réfléchir avant de le faire, raconte-t-il. On fait un sport qui mélange tous les arts martiaux mais on nous l'interdit en France. C'est comme si on autorisait de faire une soupe de tomates, une autre de carottes, etc., mais qu'il était interdit de faire une soupe avec tous les légumes réunis.»
Alors en attendant, Araïk Margarian s'exporte et va pratiquer le MMA en Allemagne, en Suisse ou encore en Russie. Là où il est autorisé et bénéficie d'une meilleure image. Margarian repense alors à ce récent numéro d'Enquête exclusive sur M6, où l'on voyait notamment le rappeur Morsay organiser des combats clandestins. «Ce reportage m'a tué, déplore celui qui est employé municipal hors du ring. Il disait que soit-disant on est des animaux... Regardez-moi après le combat! Je ne suis pas ouvert, ni blessé, rien. Un combat peut se finir très vite et sans blessure.»