Un ver immortel pour lutter contre la tuberculose

Un ver immortel pour lutter contre la tuberculose

sciences Une équipe de chercheurs marseillais a identifié un gène résistant
Mickaël Penverne

Mickaël Penverne


Le ver au service de l'homme. Eric Ghigo, chercheur au CNRS à la faculté de médecine, vient de découvrir qu'un gène est capable de détruire des bactéries très résistantes, comme celles de la tuberculose. Baptisé MORN 2, ce gène, commun à plusieurs espèces, est inactif chez l'homme. Le scientifique marseillais et son équipe viennent de découvrir qu'il est, en revanche, très actif chez un ver immortel nommé Dugesia Japonica.



«Il tue les bactéries»



Vivant dans les eaux claires et plutôt froides, ce minuscule animal a la particularité de se régénérer. «Quand vous le coupez en deux, vous obtenez deux vers, explique Eric Ghigo. Cela veut dire qu'il ne meurt jamais, en tout cas dans un laboratoire où il n'y a pas de prédateur.» Mais cet invertébré a une autre qualité : il peut détruire des bactéries. «On a testé sur lui 17 bactéries plus ou moins dangereuses pour l'homme, poursuit le scientifique. Il les a toutes tuées.» En étudiant son programme génétique, le chercheur a découvert que le ver possédait un gène capable de détruire ces agents pathogènes : le MORN 2. «Or, si on surexprime ce gène, c'est-à-dire si on le stimule dans des globules blancs humains, il tue les bactéries», constate alors Eric Ghigo. L'association du MORN 2 «stimulé» à des antibiotiques permettrait ainsi de lutter contre des bactéries très résistantes comme la tuberculose. «Mais pour l'instant, ça marche in vitro et chez le ver, temporise-t-il. Il faut encore faire des tests chez la souris.»

■ Evolution

Si le MORN 2 est actif chez le Dugesia Japonica, pourquoi ne l'est-il pas chez l'homme ? «Probablement, parce qu'il a évolué différemment», répond Eric Ghigo.