Marseille: Les parents d'élèves en colère
EDUCATION•Plusieurs centaines de parents ont manifesté sous les fenêtres du maire. Ils protestent contre l’absence d’activités périscolaires le vendredi après-midi, comme prévu dans la réforme des rythmes scolaires…Amandine Rancoule
Ils ne décolèrent pas. Dès 13h, une centaine de parents d’élèves mécontents de l’application de la réforme scolaire se sont rassemblés sur la place Bargemon à Marseille pour pique-niquer avec leurs enfants.
«On continue à protester car ce que propose la ville n’est toujours pas dans l’esprit de la réforme», souligne Mathias, sandwich et ballons de baudruche à la main. A ses côtés, des parents installent des panneaux en vue de la manifestation prévue une heure plus tard: «Réformer oui, bricoler non», «Non à la «s» coloscopie du vendredi»
«Une garderie provisoire»
Huit jours avant la rentrée des classes, la mairie avait annoncé l’absence jusqu’à la Toussaint d’activités périscolaires le vendredi après-midi, laissant désœuvrés enfants et parents. Selon elle, la mise en œuvre de la réforme nécessite d’embaucher 3.500 titulaires du Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa) alors que seulement 350 sont aujourd’hui connus.
Finalement, devant la colère des parents, la ville a annoncé jeudi mettre en place «une garderie provisoire à partir du 12 septembre». Elle sera organisée par les fédérations d’éducation populaire qui assureront ensuite les activités périscolaires. Dans certaines écoles, les fédérations de parents d’élèves déclarées en préfecture et assurées s’en chargeront.
«La loi ne s’applique pas ici?»
«C’est dément: on ne nous propose qu’une partie de la réforme, nous devons nous démerder avec l’autre, s’indigne Marie-France, couvrant de sa voix le son d’un djembé. Je travaille donc je suis obligée de laisser les petits à la garderie dès ce vendredi mais ils vont faire quoi? Courir dans la cour pendant trois heures? Marseille fait partie de cette République, je ne comprends pas pourquoi la loi ne s’applique pas ici?
Pour Florence, ça sera «baby-sitter le vendredi après-midi puis ateliers créatifs privés». «Ça a un coût financier important et cela pose aussi le problème des inégalités sociales et économiques», estime-t-elle. Et selon cette mère de famille, l’école de ses enfants «a proposé dès juillet des activités périscolaires comme des échecs ou de la capoeira, sans obtenir de réponses de la ville».
«Un maire incompétent»
«Nous avons un maire simplement incompétent, pense Guillaume, au milieu de la manifestation. Il a eu du temps pour se préparer, de multiples propositions des écoles et il fait tout dans l’urgence aujourd’hui». Pour lui, le vendredi, ça sera RTT à tour de rôle avec sa femme. «Il est hors de question que mes enfants traînent dehors, même dans la cour d’école toute une après-midi», indique-il.
Derrière lui, des enfants dessinent à la craie de couleur sur le mur de la mairie. «On décore», raconte tout sourire Ethan, les paumes des mains rougies par la craie. C’est sûr, les vendredis après-midi risquent d’être un chouïa compliqué.