Après plusieurs mois de polémiques, la Cité du livre à Aix présente enfin l'exposition sur Albert Camus. D'abord confiée à l'historien Benjamin Stora, puis au philosophe Michel Onfray, elle a été finalement montée par cinq scientifiques. Organisée autour d'écrans géants où apparaissent des lettres et des citations du prix Nobel de littérature, elle présente de nombreux documents personnels : photos, cartes postales, manuscrits annotés et corrigés, courriers de ses amis, articles de presse, etc. Les organisateurs ont laissé de côté la chronologie, préférant exposer dix thèmes (lieux, métier, langage, amitié, guerre…) pour redécouvrir l'écrivain-philosophe.

Excellent gardien de but

«L'idée, c'est de changer le regard que l'on porte habituellement sur l'homme et son œuvre», explique Marcelle Mahasela, directrice du Fond de documentation Albert Camus d'où proviennent tous les documents. L'exposition rappelle, par exemple, qu'il n'a pas écrit que sur l'Algérie et Oran mais aussi sur New York, Prague ou Amsterdam. Qu'il fut aussi un excellent gardien de but avant de devenir directeur de théâtre. Que son père est mort au front, le 5 avril 1918. Ou encore qu'il fut l'auteur d'une «lettre à un ami allemand» pendant la Seconde Guerre mondiale.

L'exposition retrace ainsi le cheminement d'un homme du XXe siècle qui, face aux menaces d'apocalypse, interroge ce que nous sommes et s'engage. «Il nous dit que l'homme ne peut pas se contenter de l'absurde, souligne Marcelle Mahasela. Nous avons tous une responsabilité dans le destin du monde et il existe un royaume à conquérir. Mais on ne peut le conquérir que si nous faisons notre métier d'homme.»