Les kiosques sont quasi K.O.
presse Leurs propriétaires trouvent de moins en moins de repreneursamandine rancoule
Elle tire définitivement le rideau. «Je ne reçois plus de presse, je ferme à la fin du mois», répète inlassablement Catherine à ses clients. La propriétaire du kiosque à journaux de la Préfecture (6e) est à bout. Outre les «nombreuses agressions» dont elle a été victime, avec vingt dépôts de plaintes en deux ans et demi, elle est surchargée de magazines qui ne se vendent pas.
«De moins en moins de presse»
«On ne choisit pas la quantité de marchandise que l'on reçoit, explique-t-elle. C'est la société d'agences et de diffusion (SAD) qui le fait». La SAD est restée injoignable mercerdi. «De plus, on doit avancer le prix de certains magazines, recrédités un mois après s'ils ne se sont pas vendus», ajoute Catherine. Résultat, elle doit posséder un fonds de roulement de 20 000 € en moyenne. «C'est trop, estime son compagnon René-Paul, entre deux remballages de journaux. Certains clients vont nous manquer, mais c'est comme ça». «J'ai travaillé pendant trente ans dans le quartier, je n'y habite pas mais je viens encore à ce kiosque, sourit Rosie, une cliente. Je reste un moment à discuter de tout et de rien.» Ce rôle de proximité est important, mais le métier se fait rare. A Marseille, sur les 56 kiosques installés, 35 seulement sont occupés. «On arrive de moins en moins à trouver de personnes prêtes à reprendre un kiosque, indique Martine Vassal (UMP), chargée de l'espace public. Le taux d'attribution est très long, la presse connaît des difficultés et souvent, les kiosquiers ne s'en sortent pas financièrement. Conséquence: le nombre de fermetures s'est accéléré.» En haut du cours Puget (6e), le kiosque est fermé depuis un mois et demi suite à une liquidation judiciaire. Dans le quartier, un seul demeure. «Il faut être un très bon gestionnaire, assure Laurent, propriétaire depuis trois mois d'un kiosque du centre. Je vais tenir encore quelques années, mais je sais qu'il va y avoir de moins en moins de presse papier: je ne l'ai pas acquis pour le revendre plus cher.» Pour l'heure, l'affaire tourne. Laurent récupère la clientèle de Vauban au bas de la rue Breteuil. Les kiosques ont tous abandonné ce secteur. Pour redynamiser la filière, le kiosquier pourrait être en gestion directe. La proposition devrait être faite lors de la négociation de la nouvelle délégation de service publique l'année prochaine.