SantéLes masques virucides, un marché qui se découvre

Coronavirus : Les masques virucides, un marché qui se découvre

SantéCes produits promettent une protection plus efficace et plus durable que les masques chirurgicaux et grand-public
Jade Raffat

Jade Raffat

L'essentiel

  • Les tissus virucides sont conçus pour détruire les virus et bactéries sources de maladies virales comme la covid-19
  • Ils se déclinent notamment en masques de protection et en gants
  • 20 Minutes a interrogé trois experts des tendances sur le potentiel de ce marché

Jamais sans mon masque. Le Covid-19 a considérablement impacté notre société et le masque est devenu un objet du quotidien, au même titre que notre portefeuille ou nos clés de voiture. « Désormais, nous sommes dans une culture de la protection. Il faut détoxifier, désinfecter, amortir… Car l’environnement extérieur est devenu agressif », constate Vincent Grégoire, chasseur de tendances pour l’agence Nelly Rodi. D'après lui, « le marché de la sécurité va exploser. Le business de la technologie sécuritaire est déjà en train de s’amplifier ; en témoignent les très bonnes ventes de purificateurs d’air, huiles essentielles et toutes sortes de produits censés éliminer les microbes. »

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Une carapace contre le(s) virus ?

Sur ce marché prospère émergent des modèles de masques tournés vers l'attaque, qu’on qualifie de virucides. Leur tissu mise sur la technologie ou la chimie pour lutter contre la pandémie. Il ne s’agit plus uniquement de bloquer le virus, mais bel et bien de le détruire. Un gain de sécurité, mais aussi de praticité, puisque en théorie une personne équipée d’un tel masque n’aura pas à craindre de se contaminer en réajustant l’accessoire avec ses doigts.

Pour Vincent Grégoire, cette gamme, qui s’étend aux gants, a un public tout trouvé : « D’abord, il y a ceux qui en ont assez des masques jetables et du fait qu’on les importe de Chine. Puis, il y a ceux qui voient cet outil comme une armure, une carapace. Et enfin, les personnes qui ont peur ou qui ont déjà été contaminées ».

Transparence et prix abordable exigés

« Certaines populations adhéreront également au côté écologique », puisque ces produits sont généralement réutilisables pendant plusieurs mois, appuie Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du Bureau d’informations et de prévisions économiques (BIPE).

Cécile Poignant, spécialiste des modes de vies contemporains et de l’évolution des tendances socio-culturelles, estime elle que « les masques de qualité produits localement ont toute leurs chances, à condition de faire preuve de transparence et que le prix soit abordable », par rapport à leur durée de vie.

S'informer pour mieux se protéger

Si elle admet que « la santé est un secteur stratégique en ce moment », Anne-Sophie Alsif remarque que la pérennité du marché reste incertaine : « Même si les consommateurs réutilisent leurs masques contre d’autres virus, leur usage dépend des pandémies. Il ne faut pas non plus oublier qu’ils représentent une contrainte. Dès qu’on ne sera plus obligé de les porter, les ventes vont baisser. Du coup, on ne peut pas vraiment anticiper la demande ». Pour la prospectiviste Cécile Poignant, le masque répond à un besoin certain « au moins jusqu’à ce que tout le monde soit vacciné ». A ses yeux, l’enjeu actuel du business du tissu virucide repose surtout sur l’éducation : « Nous avons désormais besoin de produits technologiquement efficaces et qu’on nous explique comment les entretenir. »

Pour sa part, Vincent Grégoire ne se pose même pas la question : l’avenir des masques virucides est tout tracé puisque « un virus vient remettre en cause le fonctionnement de notre société tous les 10 ans. La culture de l’antimicrobien s’impose donc et le masque en est le symbole. » Anne Sophie-Alsif conclut sur une mise en garde : « Ces tissus virucides sont une bonne chose, mais ils devront répondre aux normes européennes », ce qui n'est le cas que de certaines marques sur le marché. Se renseigner avant de s’équiper, c’est encore la meilleure façon de se protéger.

Les fabricants recourent à différentes techniques pour rendre leurs tissus capables d'éliminer 99,9% des microbes, dont les virus comme la Covid-19. Certaines marques emploient des métaux lourds. A ce sujet, comme le signale Reporterre dans une longue enquête, l’Union européenne a interdit l’usage de la zéolithe d’argent et de cuivre dans le traitement des tissus, et mène en ce moment une réévaluation de leur toxicité. Sans lever totalement le doute, l’Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale (Anses) n’a pas mis en évidence de risque pour la santé quand ces masques sont utilisés dans de bonnes conditions, rappelant l'importance de bien les laver une première fois avant de les porter et de ne pas les utiliser quand ils sont humides.