histoireA Boston, le crime était presque organisé

A Boston, le crime était presque organisé

histoireDepuis les années 1920, la capitale du Massachusetts a connu de nombreuses organisations criminelles...
Lou Ducreux

Lou Ducreux

Lorsque l’on parle de criminalité aux Etats-Unis, on pense d’abord à Los Angeles, New York ou Chicago. Pourtant, durant des années, différentes pègres et organisations souterraines ont gangrené Boston. «La criminalité a été fortement influencée et accrue par les différents flux migratoires qu’a connu la capitale du Massachusetts», explique Jean-Baptiste, étudiant en criminologie à Montréal.

Ce sont les Irlandais, fuyant la Grande Famine, qui ont débarqué en premier à Boston au milieu du XIXe siècle. Les juifs ashkénazes ont ensuite fui la Russie et l’Europe de l’Est vers 1880 pour rejoindre les Etats-Unis, suivis de peu par la diaspora italienne.

«Au XXe siècle, deux périodes ont fortement marqué la ville, explique Cindy Gouyet, qui a consacré son mémoire de fin d’études en histoire de l’Amérique du Nord à cette question. La première est celle de la Prohibition (1919 – 1933).» Pendant cette période, les mafias juive, italienne et surtout irlandaise se sont affrontées dans toute la ville.

Boston coupé en deux

A l’époque, c’est le Gustin Gang, groupe irlandais qui contrôle Boston à grands coups de vols, cambriolages, jeux et meurtres. C’est après un excès de zèle et avoir voulu contrôler l’ensemble de la contrebande d’alcool que les deux chefs se sont fait assassiner, par la Cosa Nostra.

Le quartier de North End était géré par les Italiens durant les années 70. - © City of Boston Archives/Flickr

Ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale «qu’a réellement émergé le crime organisé à Boston», précise Thomas Nolan, professeur de criminologie à l’Université Merrimack et ancien lieutenant de la police de la ville. Durant les années 50, 60 et 70, Boston était coupé en deux. Les Irlandais au sud et les Italiens au nord.

«Ces groupes criminels sont parvenus à corrompre les officiers de police locaux et fédéraux et ainsi mener leurs activités illégales en toute impunité», continue-t-il. Pendant ces années, les extorsions, les braquages, les assassinats et les trafics de drogue sont monnaie courante sur les rives de la rivière Charles.

Une ville aujourd’hui nettoyée des gangsters

«La seconde période importante se situe dans les années 1970, durant lesquelles s’opposent deux gangs irlandais, explique Cindy Gouyet. Leur lutte se termine par la montée du gangster James W. Bugler, qui devient leader du gang Winter Hill et prend le contrôle du syndicat du crime irlandais de Boston. Celui-ci entre en concurrence directe avec le syndicat du crime italien.»

Si Thomas Nolan ne se risque pas à la qualifier de «capitale du crime organisé», Boston est pourtant «l'une des seules grandes villes américaines où les gangs ont réussi à travailler main dans la main avec le FBI.» Ce sont les Irlandais qui se sont acoquinés avec le Bureau pour éliminer leurs ennemis de toujours: les Italiens.

«Les agents ont réussi après plusieurs années à éradiquer les différentes mafias qui régnaient sur Boston pour en faire l’une des villes les plus sûres des USA», résume Jean-Baptiste. «Comme toutes les grandes villes américaines, Boston a son lot de gangs de rue contrôlés par de jeunes hommes, raconte Thomas Nolan. Mais si le crime organisé a été très important et développé dans la ville, c’est aujourd’hui une relique d'un passé révolu.»

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