MAFIAD'El Chapo à Al Capone, portrait du chef de pègre

D'El Chapo à Al Capone, portrait du chef de pègre

MAFIATous les célèbres chefs du grand banditisme ont des méthodes et des traits de caractères qui se ressemblent...
Christine Ludwig

Christine Ludwig

Que ce soit Al Capone au début du XXe siècle aux Etats-Unis, les frères Kray dans les années 50 en Grand-Bretagne ou El Chapo au Mexique de nos jours, les têtes du grand-banditisme ont plusieurs points communs. A commencer par leur mode opératoire et leur caractère.

Pour faire ses débuts dans la banlieue de Chicago, entre proxénétisme et meurtres de bandes rivales, Al Capone aura pu compter sur son atout majeur, le sang-froid. «A l’instar des tueurs en série, les chefs mafieux ont une absence complète de remords et d’empathie», explique Stéphane Bourgoin, spécialiste des criminels. Ils ne commettent pas de crimes sexuels car ils ne répondent à aucune pulsion. Leur préoccupation reste le business, comme le trafic d’alcool de contrebande dans le cas d’Al Capone.

S’ils tuent, c’est par vengeance. «Il n’y a aucune passion. La victime est chosifiée et ne sert qu’à envoyer un message aux membres rivaux », poursuit-il. Avec souvent, un sens de la mise en scène accru. Stéphane Bourgoin cite l’exemple de gangs de narcotrafiquants au Brésil qui filment les exécutions à la tronçonneuse, toujours par deux, plaçant leurs victimes face à face. «Comme ça, le deuxième peut voir ce qu’il l’attend.» Blogueurs et journalistes sont aussi régulièrement pendus à des ponts pour dissuader leurs confrères.

Une bonne préparation

Mais les mesures spectaculaires ne sont pas toujours immédiatement visibles. «Bien sûr, il y a une forme de justice foudroyante qui veut que l'on lave un affront tout de suite, en ripostant avec un meurtre. Mais le chef choisit parfois d'agir bien des années après, ce qui prouve que la mafia n'oublie jamais», explique Fabrice Polizzi, spécialiste de la mafia et auteur du livre La mafia de A à Z.

Autre caractéristique importante des chefs mafieux, ils ne choisissent pas toujours d'être au devant de la scène. «On a l'image du type qui se promène tranquille sur la plage, avec des chaînes d'or autour du cou. Mais il ne faut pas oublier que certains chefs de mafia sont de petits agriculteurs ou simplement de vieux Monsieurs sans emploi», précise-t-il.

Les grands noms de pègre n'ont pas toujours envie de se montrer pour la simple et bonne raison que leur tranquillité est en jeu, comme El Chapo, qui est actuellement en cavale. «Il est impossible aujourd'hui de se laisser prendre en photo comme c'était le cas à une époque.»

Le côté paternaliste

Une fois arrivé tout en haut de l'échelle, le mafieux peut aussi se montrer généreux. Pour un chef de gang, faire bénéficier la population de sa fortune reste le meilleur moyen de redorer son blason. En 1931 déjà, alors que la crise frappait de plein fouet les habitants de Chicago, Al Capone ouvrait une soupe populaire pour les mois d’hiver.

La tradition perdure aujourd’hui encore. «Au Mexique, les narcodollars financent écoles et hôpitaux. Il y a même des T-shirt à l’effigie des chefs de mafia qui se vendent dans le commerce», raconte Stéphane Bourgoin. Une façon aussi d’assoir au mieux leur réseau au sein de la population locale.

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