Aaron Sorkin, le chevalier blanc du petit et du grand écran

Aaron Sorkin, le chevalier blanc du petit et du grand écran

Rédaction 20 Minutes

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PORTRAIT – De A Few Good Men à A la Maison Blanche, en passant par The Social Network et The Newsroom, le scénariste Aaron Sorkin est un orateur des temps modernes. Son mot d’ordre, la recherche de la vérité.

Aaron Sorkin est sans doute l'un des plus célèbres, des plus aimés, mais aussi des plus détestés des scénaristes américains. Reconnu par ses pairs avec A few Good Men au cinéma en 1992, et surtout A la Maison Blanche, série diffusée sur NBC de 1999 à 2006, il se taille dès ses débuts une image de chevalier blanc d’Hollywood. Celui qui dit ce qu’il pense et qui se sert de ses écrits comme de véritables pamphlets.

Une obsession pour les pouvoirs

Chez Aaron Sorkin, pas de sexe, de fantastique ou de conte. Ses séries sont confidentielles, élitistes et ancrées dans la réalité. Son combat, c’est celui de la vertu. Ses sujets de prédilection sont la politique et les médias, là où le pouvoir est le plus tangible. Mais ce qui l’intéresse par-dessus tout ce sont les coulisses, car c’est dans l’ombre que l’on voit la lumière.

Son génie? Réussir à rendre passionnant ce monde des pouvoirs, souvent opaque pour les téléspectateurs. Son tort? Mettre les pieds là il ne faut pas forcément. «Sa vision du monde est parfois horripilante et il peut agacer. Mais on n’est pas obligé d’adhérer à une religion pour trouver un sermon efficace… Et chez lui tout est tellement bien écrit et bien amené qu’on ne peut qu’aimer», explique Séverine Barthes, maître de conférence à l’université de Paris III et auteur de plusieurs articles, dont sa thèse, sur les séries télévisées américaines.

«Il aime décrire un milieu de la façon la plus réaliste possible. Il fait énormément de recherches en amont mais au final, il peut se retrouver à narrer un milieu rêvé, tel que dans l’idéal il voudrait qu’il soit», renchérit Laure Depretto, universitaire et intervenante sur l’œuvre d’Aaron Sorkin, et notamment The Newsroom, lors de la conférence en 2013 sur «le pilote et la chute» dans les séries télévisées.

La première arme, l’écriture

Aaron Sorkin offre toujours quelque chose d’unique et de décalé. «Bien que The Newsroom soit une série sur le câble, elle est à part sur HBO. De même qu'A la Maison Blanche ne ressemblait pas à l’époque aux autres séries de network. Idem avec The Social Network au cinéma qui lui a valu un Oscar en 2011», poursuit Séverine Barthes.

Grâce à un style d’écriture très personnel, Aaron Sorkin sait sensibiliser le public à sa cause. Pour Anne-Sophie Vermorel, journaliste pour SeriesAddict, «Aaron Sorkin ne fait pas dans la fioriture, il se concentre sur la parole. Ses dialogues sont exceptionnels. Ils ne sont pas là pour combler du vide.» Pour Coralie Barroul, du blog Oblikon «Aaron Sorkin est incisif et intelligent. Il a fait de la technique du «walk and talk» (parler en marchant) sa signature. On est dans la réalité.»

L’actualité comme moteur de recherche

Avec The Newsroom, le scénariste revient donc à ses premiers amours. Obsédé par ce 4e pouvoir, depuis Sports Night, Aaron Sorkin nous montre ici l’envers du décor d’une rédaction. Et pour ce faire, il choisit comme personnage principal «l’actualité».

«Cette série est un concept dans une tradition américaine qui date des années 50-60 où on a l’habitude d’utiliser pour les chaînes de network l’écriture en flux tendu. La particularité de Sorkin, c’est de reproduire cette tradition pour une série du câble alors que le scénario est écrit du début à la fin», analyse encore Séverine Barthes.

Et bien que la réception de The Newsroom ait été mitigée auprès des journalistes américains qui y ont vu une critique latente de leur métier – le scénariste s’en est d’ailleurs excusé – les téléspectateurs, fans ou moins fans, reconnaissent tous son talent. Car dans sa bataille contre l’inculture, Aaron Sorkin l’élitiste est aussi un idéaliste. Sinon un utopiste, un authentique chevalier blanc.

Marianne Clonta

>>> Retrouvez l'ensemble de notre dossier consacré à The Newsroom

Les spectateurs français peuvent désormais profiter du coffret DVD de la saison 2 (29,99€) de «The Newsroom» et d’une édition intégrale (39,99€), distribués par Warner Home Video.