Blanc, rosé et même rouge... Comment rafraîchir son vin sans en perdre les qualités
PRATIQUE•L'été arrive... Voici quelques conseils pour rafraîchir son vin dans les règles de l'artMireille Fournaise
Boire du vin rouge chaud en plein cagnard n’a jamais enchanté personne. Ça tombe bien, puisque le vin rouge peut tout à fait s’apprécier frais*, à la manière d’un blanc ou d’un rosé. Encore faut-il bien choisir son vin et le servir correctement. On vous explique…
Les bons cépages
« Dans les Côtes-du-Rhône, on a une grande diversité de terroirs et de cépages. Cela permet d’avoir une très belle offre de rouges, mais aussi de rosés et de blancs », explique Virginie Faure, sommelière conseil chez Mademoiselle Pamprenylle. Dans ce panel varié, on trouve un large choix de vins issus d’assemblages de cépages toniques et rafraîchissants.
« Pour les blancs on privilégiera les cépages de grenache, roussanne et clairette qui sont très aromatiques et apportent de la fraîcheur », conseille Bertrand Boislève, sommelier dans le Vaucluse.
Parmi les vins qui révèlent leur plein potentiel une fois refroidi, il cite également ceux avec un assemblage de bourboulenc ou encore du « très recherché » viognier. Et il ne s’agit là que d’une petite sélection, car sur les vingt-trois cépages autorisés dans l'AOC Côtes-du-Rhône, huit sont pour les blancs. Concernant le rosé, l’expert recommande un assemblage grenache et cinsault pour un vin souple et fruité, parfait à servir bien frais.
Un peu moins attendu à côté du barbecue, le vin rouge y a aussi tout à fait sa place. En effet, beaucoup de rouges des Côtes-du-Rhône peuvent se boire rafraîchis car ils sont plus légers. « Là encore, le grenache est idéal car il est rond, fruité, souple, gourmand et avec peu de tanin », détaille Bertrand Boislève, tout en soulignant que les vins un peu plus structurés, comme ceux assemblés avec du syrah par exemple, peuvent également se boire frais. Mais pas trop… Bref correctement choisir son vin c’est bien, mais convenablement le servir est tout aussi important.
La bonne température
Retenez que plus il est sec plus on peut faire baisser sa température. Attention toutefois aux abus car « un vin servi trop froid est atrophié. Il perd toutes ses facultés odorantes, gustatives et tactiles », avertit Virginie Faure. « Les blancs issus de cépages de clairette et de roussanne, peuvent se boire entre 8 et 10°C », assure Bertrand Boislève qui préconise en revanche de rester entre 10 et 12°C pour ceux issus de cépages de grenache (blanc ou gris) qui ont un plus de texture et d’arômes.
« Pour le rosé je conseille de rester entre 8 et 10°C pour ceux en pressurage direct, c’est-à-dire vinifié comme du vin blanc. Pour les rosés saignés, plus généreux et riches car vinifiés à la façon du vin rouge, ils révéleront tous leurs arômes entre 10 et 12°C », poursuit-il.
« Les rouges sur la gourmandise et la souplesse supporteront aisément des températures de 14 voire 15°C. Les rouges plus tanniques pourront quant à eux être servi entre 15 et 17°C », conclut Virginie Faure. Servis dans des verres eux aussi bien frais, ils seront les parfaits compagnons des grillades.
Le frigo plutôt que les glaçons
Pour atteindre ces différentes températures un brin d’organisation s’impose. On vous voit les flemmards dans le fond, qui mettez des glaçons directement dans le verre. « C’est vraiment dommage parce qu’ils se diluent dans le vin et changent sa nature, lance la sommelière qui propose des animations de dégustation dans toute la vallée du Rhône. Alors qu’une quinzaine de minutes au congélateur suffisent pour refroidir une bouteille de blanc ou de rosé. »
En ce qui concerne le vin rouge, Virginie Faure propose de le mettre dans un sac rafraîchisseur, que l’on laisse préalablement au congélateur. « Sinon vous pouvez tout simplement le plonger une dizaine de minutes dans un seau à champagne avec 1/5 de glaçons et un peu d’eau. » En revanche, si le vin est vieux, on privilégiera un refroidissement lent afin de ne pas provoquer un trop grand choc thermique qui viendrait accentuer son astringence.
Entre apprécier et savourer, la différence tient parfois à un ou deux degrés. D’où la nécessité de viser juste. « Il existe des thermomètres à vin que l’on trouve en grande surface, chez des cavistes ou dans des quincailleries. Certains se plongent directement dans le liquide, d’autres forment une sorte de collier que l’on met autour du verre ou de la bouteille », explique Bertrand Boisleve.
Pour ceux qui ne seraient pas équipés, le sommelier rappelle qu’une bouteille placée au frigidaire 30 minutes baisse d’environ 2 degrés. A vous de faire le calcul en fonction de la température du lieu où se trouvait le vin.
Enfin, lorsqu’il fait chaud, même si la bouteille a été rafraîchie, une fois dans le verre, la température du liquide remonte très vite. « Pour éviter cela, ne remplissez le verre qu’à la moitié à chaque fois et tenez-le par le pied » donne comme astuce Virginie Faure. Une idée rafraîchissante.