Des agents très spécialEs. Dominika, une ancienne ballerine, se retrouve malgré elle, enrôlée par les services secrets russes. Ils vont l’entraîner à user de ses charmes et de son corps dans le cadre de missions secrètes. C’est le pitch du film d’espionnage «Red Sparrow», sorti en salles le 4 avril dernier (et en DVD et Blu-Ray à compter du 8 août), avec une femme, Jennifer Lawrence, en tête d’affiche.

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«Fair Game», «Mr. & Mrs. Smith», «Homeland» ou encore «Atomic Blond»: ces dernières années, scénaristes, réalisateurs et producteurs ont plusieurs fois donné à des femmes le premier rôle dans des films ou des séries d’agents secrets.

«  CARRIE MATHISON - une vraie espionne qui connaît le terrain - un sens moral & de vraies valeurs - fait face malgré sa maladie #Homeland pic.twitter.com/JOE7cEWAXD — Serial Addict (@addictoof) 8 mars 2017 »

Un scénario qui colle assez bien avec la réalité. En effet comme l’explique l’auteur de l'ouvrage «Le Livre des Espions», Bruno Fuligni, «les femmes sont de plus en plus nombreuses à réellement intégrer les services de renseignement et à accéder à des hauts postes».

Espionne par obligation

Au-delà de l’évolution dans le monde du travail, mettre des femmes espionnes sur le devant de la scène s’inscrit également dans un mouvement à la mode en ce moment, selon Audrey Clinet, fondatrice d’Eroïn Productions. «Le cinéma est un témoin de notre époque et le public a envie aujourd’hui de premiers rôles féminins un peu "badass", "girl power"... Cela montre des femmes fortes, intelligentes et indépendantes auxquelles on a envie de s’identifier. Elles ne sont plus seulement l’assistante du héros…»

Ce choix s’ancre même dans une tendance cinématographique encore plus large, d'après Mélanie Boissonneau, enseignante chercheure en cinéma à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.  «Il y a de plus en plus de versions féminines de classiques du cinéma. "Ghostbuster" a eu sa version avec des chasseuses de fantômes, la Jedi Rey crève l’écran dans "Star Wars : Le Réveil de la Force" et Natalie Portman est l’héroïne d'un western dans "Jane Got a Gun".»

Pour autant, la docteure en étude de cinématographie et d’audiovisuel souligne que le film d’espionnage avec une héroïne ne date pas d’hier. «En 1931, Greta Garbo jouait Mata Hari. En 1959, Martine Carole, une sorte de pré-Brigitte Bardot, était "Nathalie, agent secret".» Selon elle, ce qui n’a pas vraiment changé avec les années, c’est que contrairement aux films d’espionnage où le personnage principal est un homme, lorsqu’il s’agit d’une femme, celle-ci semble soit subir la situation, soit être devenue espionne par obligation.

Juste une mode?

«"Au revoir, à jamais", est l’histoire d’une mère de famille qui a un flash et se souvient qu’elle a été espionne dans une autre vie. Dans les "Avengers", la veuve noire a été enrôlée toute petite dans un camp d’entraînement pour devenir espionne. Avec "Red Sparrow", il y a aussi une sorte de point de départ traumatique. Soit Dominika accepte de devenir espionne, soit elle meurt. Un peu comme s’il fallait que les femmes justifient pourquoi elles choisissent cette voie.»

Effectivement, on n’a jamais demandé à James Bond de légitimer son métier… De son côté, Audrey Clinet espère que cette approche du film d’espionnage et cette tendance dans le cinéma en général ne passera pas de mode et influencera à terme la nouvelle génération. «Que cela montre aux jeunes filles qu’il n’y a pas de métier exclusivement réservé aux hommes.» Ni de rôle de cinéma! Maintenant que vous en savez un peu plus, c’est le moment de tester vos connaissances avec notre quiz. A vos neurones!