ChineUne lettre pour raviver la mémoire de Tiananmen

Une lettre pour raviver la mémoire de Tiananmen

Chine26 ans après le massacre de Tiananmen, vingt-sept étudiants expatriés se dressent contre la censure du gouvernement...
Olivier Liffran

Olivier Liffran

«J’avais 19 ans lorsqu’on m’a parlé la première fois de Tiananmen», raconte Liang Zhou*, une jeune Chinoise de 29 ans qui a fait ses études en France. «J’étais stupéfaite. Je n’imaginais pas que des manifestations étudiantes avaient été réprimées violemment par le régime.»

Vingt-six ans après le massacre des étudiants pro démocratie sur la place Tiananmen à Pékin, la mémoire de l’événement est toujours occultée par les autorités chinoises. Un déni qui a poussé des étudiants expatriés à publier le 27 mai une lettre ouverte adressée à leurs «camarades en Chine» dans laquelle ils rappellent les responsabilités du pouvoir dans le déroulé des tueries. «Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas, jusqu’à ce que justice soit faite et que la répression cesse», écrivent-ils.

«Suicide collectif»

Rapidement censurée, cette lettre avait pour objectif de sensibiliser les jeunes générations maintenues dans l’ignorance par les autorités.Tiananmen reste un tabou: pas de trace de cet épisode dans les manuels scolaires et les articles de presse. Chaque année, au moment de l’anniversaire des manifestations étudiantes, des vagues d’arrestations découragent toute tentative de commémoration.

Selon Marie Holzman, sinologue et présidente de l’association Solidarité Chine, la lettre des étudiants s’apparente à «un suicide collectif»: «Cela leur sera difficile de revenir au pays et de trouver un emploi. D’ailleurs, selon mes informations, leurs familles ont déjà été visitées par la police. Le geste est admirable mais l’impact sera très limité parce que le combat pour les droits de l’Homme reste encore très minoritaire en Chine».

*Le nom a été changé

La vidéo la plus emblématique de la contestation étudiante en 1989:

https://www.youtube.com/watch?v=YeFzeNAHEhU