Timothée Adolphe, athlète non-voyant et guide: «La clef, c’est la confiance»
SPORT•L'athlète en situation de handicap Timothée Adolphe prépare les championnats du monde d’athlétisme handisport...Mireille Fournaise
En juillet prochain, l’athlète non-voyant Timothée Adolphe tentera de décrocher l’or aux championnats du monde d’athlétisme handisport à Londres. Un objectif à atteindre en duo avec son guide, un partenaire de confiance…
Avec trois victoires en championnat d’Europe handisport, Timothée Adolphe est un athlète de haut niveau au palmarès déjà bien rempli. Un sportif avec «une particularité», dit-il, préférant ce terme à l’expression «avec un handicap». Le jeune homme de 27 ans est non-voyant et de ce fait, il pratique son sport avec un guide: un autre athlète voyant. Enfin quatre, plus précisément. «Je dois être l’athlète français avec le plus de guides!», s’exclame le jeune homme en rigolant. «Ils aident, participent aux compétitions ou interviennent dans la préparation physique de Timothée», explique Arthémon Hatungimana, son coach.
« Fiers de vous @Gothino9 @TimotheeAdolphe deux athlètes du #pactedeperformance https://t.co/npexTbrQUb — Athlètes&Partenaires (@AthPartenaires) 25 février 2017 »
Si sur le papier tout semble rodé, trouver et former un binôme avec un guide n’est pas une tâche aisée pour un sportif de haut niveau non-voyant. «On ne publie pas de petites annonces, plaisante Timothée. Avec mon coach, on cherche des athlètes qui ont à peu près mon gabarit, une bonne qualité de course et qui soient plus rapides que moi, pour ne pas me freiner. Ensuite il faut les convaincre de faire équipe avec moi et que cela colle». Quand tous ces éléments sont rassemblés, l’expérience humaine peut commencer.
Car la relation entre un guide et un athlète ne s’arrête pas au professionnel. «Si on se cantonne à cela, ça ne marche pas. Il faut établir une relation de confiance, c’est la clef pour être synchronisé et en osmose pendant une course, explique Timothée. Le guide doit avoir la volonté de recevoir et pas seulement se dire "Je sais courir et basta"». Une qualité propre à Jeffrey Lami, guide de «Tim» depuis début mars seulement. «Il m’écoute, je l’écoute, on se conseille, on communique énormément et on cherche des solutions pour toujours s’améliorer», raconte-t-il. Les deux sportifs ont aussi immédiatement accroché et créé une relation d’amitié. «On a les mêmes délires ou les mêmes goûts musicaux, assure Jeffrey qui voit Timothée en dehors des entraînements. On est rapidement devenu proches. Il m’a tout de suite fait confiance, inclus dans ses projets et ses objectifs. Qu’il mise autant sur moi, c’est aussi ce qui m’a donné envie de m’investir».
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Pourtant, le jeune homme de 22 ans qui a enchaîné les blessures et traversé des périodes de doute n’avait pas envisagé de devenir guide dans l’immédiat. C’est Arthémon qui l’a convaincu. «Devenir guide cela peut être d’une grande aide pour un athlète souffrant de blocages psychologiques, analyse le coach de Timothée. On ne pense plus à soi, mais à l’autre donc on se libère». Moins de deux mois après le début des entraînements, Jeffrey observe déjà de premiers effets: «Maintenant que je ne suis plus seul je fais plus attention à prendre mes récupérations, je ne loupe pas une séance chez le kiné, je fais gaffe à mon sommeil et à mon alimentation. Je sens que je suis plus sérieux dans mon attitude par rapport à avant où j’étais solo, car je ne veux pas le pénaliser». Résultat, le duo a déjà battu les chronos d’entraînement de Timothée. Une performance de bon augure en vue des futurs championnats du monde d’athlétisme handisport.