Qui a tué le colonel Moutarde?Les Français aiment leurs séries policières

Entre les séries policières hexagonales et les Français, une love story qui ne se dément pas

Qui a tué le colonel Moutarde?Les polars plaisent toujours autant aux téléspectateurs français, parce qu’ils offrent un miroir de la société…
Thierry Weber

Thierry Weber

L'essentiel

  • Les séries et téléfilms policiers enregistrent les meilleures audiences télé.
  • Les thématiques abordées sont multiples et touchent un large public.
  • Le genre cherche à se renouveler sans cesse et à être en phase avec la société.

Les flics ont tué le game. En France, en 2017, huit des dix fictions les plus regardées à la télévision étaient des séries ou téléfilms policiers. Capitaine Marleau arrive en tête de file avec son épisode du 5 octobre 2017 aux 7 704 000 téléspectateurs sur France 3 d’après les chiffres de Médiamétrie. Figurent aussi au classement Section de recherche (TF1) et Les Petits Meurtres d’Agatha Christie sur France 2. Le genre policier plaît au français, pour une raison très simple, il est particulièrement large.

Représenter la société dans son ensemble

« Le policier permet de tout traiter », affirme Alain Carrazé, hôte du podcast Previously consacré aux séries télé. A tel point que « sur n’importe quel sujet, n’importe quel genre, c’est toujours mieux d’y avoir du policier ». Les enquêtes sont partout dans la fiction, y compris Plus belle la vie ou Joséphine Ange Gardien. Pas étonnant selon Laurence Bachman, directrice générale du groupe de production Telfrance, à qui l’on doit notamment la série Cassandre sur France 3. Selon elle, dans le polar, « on aborde des sujets de société. Dans Cassandre, il y a un épisode où on parle d’agression sexuelle dans l’armée. Un autre sur la double identité. On traite des histoires intimes. Dans toutes les séries du genre on retrouve un bout de la société française. »

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Plus encore, les enquêtes nous font découvrir toute la France. « Elles permettent de se projeter, et même d’être plongé dans les régions », évoque Jean-Pierre Panzani, directeur des opérations TV et Internet chez Médiamétrie. « Sur France 3, les collections "Meurtre à…" et "Crime" sont régionalisées. Il s’agit du ressort de ces fictions », indique-t-il, le concept, l’innovation. « Des meurtres, on en a vus des milliers de fois. Quelles sont les nouveautés ? La fiction française a trouvé un autre ton pour dérouler quelque chose d’éternel. Voilà pourquoi le public accroche », analyse-t-il.

Des héros travaillés, et du mystère

Le genre se réinvente même en permanence. « Dans Columbo, la modernité consistait à nous donner le coupable dès les cinq premières minutes. Aujourd’hui personne ne peut reprendre ce ressort dramatique. Il faut trouver autre chose, et savoir mêler l’enquête à la vie que nous connaissons. Ne pas faire de ces policiers des personnages abstraits, qui n’existent pas. »

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Il s’agit d’une autre force du genre, soulignée par Laurence Bachman. « Les héros font le succès de ces séries. Ils doivent intéresser le spectateur alors qu’ils évoluent moins au fil des épisodes. » La productrice prend l’exemple d’une autre série policière sur laquelle elle avait travaillé, Julie Lescaut (1992-2014, sur TF1). « Une femme divorcée, avec deux enfants… Il y avait de la modernité dans ce personnage ». Plus globalement, selon la productrice, les protagonistes « sont des gens comme nous, ils ont des dilemmes moraux, ils sont faillibles. Ils représentent de très beaux miroirs ». En plus de quoi, les polars jouent avec nous. « On adore chercher qui, quoi, comment, qui a tué », c’est aussi simple que ça. Mystère résolu.

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