HIPPISMEComment expliquer la longévité du Zidane du Trot ?

A 52 ans, le « Zidane du trot » a toujours soif de victoires

HIPPISMEAvec des milliers de victoires à son actif, dont cinq Grand Prix d’Amérique, le « Zidane du trot » reste plus que jamais sur le devant de la scène
L. G.

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L'essentiel

  • Jean-Michel Bazire est surnommé le Zidane du trot. C’est LA star de la discipline. Ses statistiques ont de quoi filer le tournis : près de 7.000 courses remportées, 12.000 terminées dans le trio de tête. Il est surtout 5 fois vainqueur du Grand Prix d’Amérique (qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de Prix d'Amérique Legend Race), la course de trot attelé la plus importante de l’année.
  • Un palmarès dingue couronné de 20 sulky d’or, l’équivalent du tire de MVP dans la NBA.
  • Loin d’être donné favori en 2023, le driver, également entraîneur, a remporté le Grand Prix d’Amérique avec Hooker Berry. Mais c’est aux manettes de Bazire fils, Nicolas, 23 ans, que le cheval tentera de rééditer l’exploit le dimanche 28 janvier à l’hippodrome de Paris-Vincennes.
  • Le trotteur a d'ailleurs son propre fan club. Une centaine de personnes sont attendues en provenance du... Berry, évidemment.

Etablissement numéro 25 : vingt chevaux, huit humains et deux chiens. Mais surtout la star des hippodromes : Jean-Michel Bazire. Dans son écurie du domaine de Grosbois (Val-de-Marne), ce driver d’exception semble ne jamais enlever son casque. Issu du monde des courses et pilote de sulky (trot attelé) depuis ses 9 ans, Jean-Michel Bazire est le superchampion de la discipline. Et pour cause, il a remporté cinq fois le Prix d’Amérique Legend Race (le championnat du monde de trot attelé qui se déroule cette année le 28 janvier à l’hippodrome de Paris-Vincennes, et dont 20 Minutes est partenaire). Y compris la dernière édition avec l’étalon Hooker Berry.

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Ce matin-là à Grosbois (Val-de-Marne), l’heure est à la concentration maximale à l’approche de l’événement. Celui que l’on surnomme le « Zidane du trot » enchaîne les séances d’entraînement, passant de sulky en sulky durant toute la matinée. De retour à son écurie, il répond aux questions entre deux boxes. « Ici, on travaille bien, les chevaux aussi, et dans la bonne humeur », se réjouit-il d’entrée de piste, le Prix d’Amérique toujours dans un coin de sa tête : « C’est la course la plus importante sur terre avec un public qui vient de plus en plus nous voir. A chaque fois c’est un grand bonheur d’y participer. »

Et lorsqu’on lui demande, si à 52 ans dont 43 passés sur un sulky, il est toujours anxieux à l’approche de la plus grande échéance du trot attelé, il répond que « oui, il y a toujours une forme de stress. On est tendu et on doit être vif au moment du départ pour prendre la bonne place. On joue des coudes et c’est parti. » Jean-Michel Bazire semble également très bien se souvenir de ses anciens partenaires de victoires et revient facilement sur leurs parcours : « Une jument américaine, Moni Maker (l’un des meilleurs trotteurs du monde à la fin des années 1990) que je connaissais depuis un mois à peine, Kesaco Phedo qu’on a remis sur pied, Bélina Josselyn avec qui j’avais une connexion que je ne peux pas expliquer, ou encore Hooker Berry, l’année dernière, qui était top », énumère le champion.

Une histoire de famille

Mais alors quel est le secret de la réussite ? « J’adore mes chevaux, je suis toujours avec. Je communique beaucoup avec eux. Au fil du temps, j’ai aussi su m’entourer de gens compétents qui les respectent, et de bons propriétaires », explique-t-il. Une méthode en particulier ? Non, mais de l’observation : « Tous les chevaux sont sortis sur le marcheur (un outil pour l’échauffement et le retour au calme) et au paddock (l’enclos) chaque jour, mais tous ne sont pas entraînés de la même façon », ajoute le driver. Concernant Hooker Berry, par exemple, le cheval star de l’écurie, Jean-Michel Bazire lui concocte un programme personnalisé : « Nous travaillons beaucoup son mental avec sa lad (comprenez la nounou du cheval). On l’économise. Il n’a pas été attelé depuis 10 mois (comprenez qu’il l’entraînait quand même, mais attaché derrière le sulky d’un autre cheval). »

Un programme unique pour un driver en particulier puisque c’est le fils Bazire, Nicolas, 23 ans et qui a lui aussi gagné un Grand Prix d’Amérique, en 2022, qui va s’asseoir derrière le cheval à Vincennes. Déjà bien aguerri, avec sa propre écurie, « il tend à devenir un vrai chef d’entreprise. Ce sera un plaisir de lui passer la main. Et puis, peut-être que cette année sera la première depuis 25 ans où j’assisterai au Prix d’Amérique depuis les tribunes », s’amuse Jean-Michel Bazire. Connaissant le personnage, peu probable, affirment les spécialistes. Reste à savoir avec quel cheval. Mais une chose est sûre : avec trois champions dans la même équipe (cheval, driver entraîneur), le spectacle promet d’être au rendez-vous fin janvier.

La course durera guère plus de trois minutes, à peine le temps d’une chanson, et pourtant le Prix d’Amérique Legend Race va faire vibrer l’hippodrome de Paris-Vincennes durant tout le week-end. La veille de l’épreuve, le samedi 27 janvier, les lieux auront déjà coiffé leur chapeau de cow-boy avec « le before de l’Amérique ». Entre deux courses, sur un total de neuf, ça risque fort de sentir les ribs et la cuisine made in USA dans les tribunes. On reste dans la même ambiance le soir, avec un concert dans la langue de Bruce Springsteen, forcément. Mais le plat de résistance, c’est évidemment dimanche. « Des années de préparation, 2 mois de compétition, 6 courses qualificatives, 18 champions au départ, et un seul vainqueur », pour citer la Société d’encouragement à l’élevage du trotteur français (Setf), qui organise l’événement, c’est ça l’ADN du Grand Prix d’Amérique. Si l’épreuve reine a lieu à 16h20, les portes ouvrent, elles, aux visiteurs dès 10h30 avec un programme d’animations plus rempli qu’un cornet de frites : village food en mode US, artistes, DJ en tribune… sans oublier l’autre clou de la journée, le show d’ouverture à 13h40. Entrées en vente ici.