TrotEric Raffin savoure son premier sulky d’or

Eric Raffin savoure son premier sulky d’or

Trot2019 était une année de transition dans le monde du trot attelé français, après vingt ans de domination, Jean-Michel Bazire a trouvé son héritier
Augustin Chalot

Augustin Chalot

L'essentiel

  • A l’issue de la saison 2019, le monde du trot s'est trouvé un nouveau patron.
  • En remportant le sulky d’or, Eric Raffin succède à Jean-Michel Bazire.

Quand le Poulidor se pare d’or. Jusqu’à aujourd’hui, Eric Raffin avançait dans l’ombre du géant Jean-Michel Bazire, vainqueur sans discontinuité depuis 2000 du sulky d’or, classement des meilleurs drivers de trot attelé français sur une saison. Depuis 2010, le champion de 38 ans fut une fois second et huit fois troisième, se plaçant naturellement comme le successeur annoncé de Bazire. Il n’a pas déçu et enfin décroché haut la main le trophée tant attendu en 2019, alors que son rival et mentor se mettait lui-même en retrait. Retour dans les pas d’un champion toujours pressé.

Tous les jours la même routine pour Eric Raffin. « Je me lève tôt, je bois un café et mange une mandarine. Jamais de repas de midi, mais un bon dîner le soir car je n’aime pas me sentir lourd », explique le driver né en 1981 à Challans, en Vendée. « Je pars aux courses à 10 heures et j’enchaîne toute la journée. » Eric Raffin participe à huit courses par jour, un rythme effréné indispensable selon lui : « Rien n’est jamais acquis lorsque l’on court à haut niveau, chaque course est différente, il faut être au top physiquement, mentalement, serein, et connaître les chevaux adverses autant que le nôtre. C’est de la gymnastique, de la répétition ! » Quand il n’est pas sur un cheval ou un sulky, Eric Raffin fait de la course à pied et du vélo, une routine d’excellence à laquelle il se plie depuis ses débuts.

Passion familiale

« J’étais déjà sur un poney à 4 ans et sur un cheval avant mes 7 ans », se souvient-il. Un virus qui se transmet de génération en génération. Alexis Raffin, le grand-père d’Eric, gagnait déjà à Vincennes en 1982. « J’ai participé à ma première course officielle de trot monté à 16 ans, j’ai gagné dès la seconde, à Vincennes, et je suis passé professionnel au bout de deux ans. » Le jeune prodige gagnait le grand prix de Normandie, sa première course de groupe 1 (catégorie la plus haute en trot), après seulement sept mois en professionnel. Pas étonnant tant la famille Raffin a le cheval dans le sang. « C’est un souvenir fabuleux, j’étais alors entraîné par mon père et mon frère, ma mère était elle la propriétaire du cheval. »

Des souvenirs et des victoires, Eric Raffin en a accumulé en trot monté, emportant l’étrier d’or à cinq reprises avant de se lancer sur un sulky. Et se confronter chaque année à Jean-Michel Bazire, qu’il voit comme un mentor : « Jean-Michel est avant tout un rival, mais aussi une inspiration, il a fréquenté les mêmes hippodromes provinciaux que moi, ce que ne font pas tous les drivers. » Et Eric Raffin aime cette rivalité : « Certains ont peur de la concurrence, pour moi elle est primordiale. Avec Jean-Michel, ça a toujours été une saine compétition, une remise en question permanente. »

345 victoires

Lorsque ce dernier a annoncé sa décision de prendre un peu de recul en 2019, Eric Raffin ne manqua pas de prendre sa chance : « Je me suis mis dans la course au sulky d’or qu’en février, je me suis pris au jeu, poussé par ma famille et les médias. » Un choix difficile mais payant pour le driver vendéen puisque avec 345 victoires en 2019 (285 à l’attelé, 60 au monté), il égale le record de Jean-Michel Bazire lui-même sur une saison. « J’ai sacrifié mon année. D’habitude je prends au moins quinze jours de vacances, mais là non, c’était l’année ou jamais ! »


Notre dossier Grand Prix d'Amérique

Pas le temps de se reposer pour le nouveau roi du trot attelé, puisque se profile déjà le centenaire du Grand Prix d’Amérique, ce dimanche 26 janvier, une course qu’il n’a jamais remportée. « Je veux gagner les plus grandes courses. Cette édition va être particulièrement serrée, mais je vais mettre toutes les chances de mon côté. » Et vivre au galop sa passion du trot.