Cheval de courseDans la peau d’un trotteur français, un jour de championnat du monde

Dans la peau d’un trotteur français, un jour de championnat du monde

Cheval de courseVoltigeur de Myrt était au départ du Grand Prix d'Amérique. Retour sur sa journée de course...
Louise Gully

Louise Gully

Lors de cette 97e édition du Grand Prix d’Amérique, le championnat du monde de trot attelé, nous avons suivi Voltigeur de Myrt, un mâle de 9 ans venu de Mayenne pour l’occasion.

«  #avantcourses prix d'Amérique mes outsiders préférés Carat WILLIAMS le 4 rachat attendu LE 13 Voltigeur de Myrt Le 7 Valko Jenilat. — OURASI (@CheliRoberto) 27 janvier 2018 »




Mon quatrième Grand Prix d’Amérique

Il est 10h lorsque Nina, ma lad, me monte dans le camion. Je n’en suis pas à mon coup d’essai, nous sommes en janvier et on m’embarque donc pour Vincennes. C’est parti pour trois heures de routes. Heureusement j’ai du foin. C’est ma quatrième participation au Prix d’Amérique. Je suis l’un des meilleurs trotteurs au monde, ce qui me donne le droit d’assurer ma descendance avec environ 70 poulains par an depuis maintenant trois ans.

Nina et Voltigeur lors de leur arrivée à l'hippodrome de Vincennes. Crédit: L. Gully/20 Minutes

À 13h, nous arrivons enfin au parking de l’hippodrome et Nina me décharge. Mon box est situé, comme l’an dernier, dans la même allée que le champion en titre Bold Eagle. Du coup, les badauds passent et repassent devant mes appartements. Je n’ai pas à me plaindre, j’ai la réputation d’être le plus beau cheval de la course. Ce qui énerve un peu Nina qui répète tout le temps aux gens de ne pas me toucher. En effet, il suffit que quelqu’un ait mis de la crème pour les mains et hop je serai disqualifié pour dopage. Je n’ai pas envie d’avoir fait tout ce chemin pour rien. Nina me donne un produit pour que je n’aie pas mal à l’estomac à cause du stress. J’avoue que tout ce monde m’angoisse un peu.

On enchaîne les «heat»

Voltigeur et Nina dans les écuries de l'hippodrome de Vincennes. Crédit: L.Gully/20 Minutes


Il est maintenant 14h30, Nina me sort du boxe pour le premier «heat»: des tours de piste d’une dizaine de minutes pour m’échauffer. On fait ensemble deux tours au petit trot. Retour au box, elle me lave le nez avec une éponge. Je n’ai pas très faim car j'angoisse. Devant mon boxe, beaucoup d’humains veulent se prendre en photo avec moi. Une amie de Nina vient me caresser: c’est mon porte-bonheur, il paraît que je gagne à chaque fois qu’elle me touche. Ma lad en a un autre, un petit nœud dans ma crinière, qu'elle change dès que ça ne marche pas.

Lorenzo Donati et Voltigeur lors de l'échauffement. Crédit: L. Gully/20 Minutes

C’est maintenant Lorenzo Donati, mon driver, qui arrive. Le deuxième «heat» a toujours lieu avec lui, une heure avant la course. On refait un tour de piste, cette fois plus vite. Nous étions déjà ensemble pour le Prix d'Amérique de l'an dernier. J’ai des protections de jambes différentes pour ce deuxième échauffement pour pouvoir aller plus vite sans risquer de me blesser.

Quatre fers en moins

Voltigeur de Myrt au déferrage. Crédit: L. Gully/20 Minutes


Plus qu'une heure avant la course. Nina m’emmène au déferrage. Chaque fois, on m’enlève mes quatre fers pour que je puisse accélérer plus facilement. On me les remettra le lendemain matin, tranquillement, à l’écurie. Retour au box, c’est le calme avant la tempête. Nina imite le rossignol pour m’apaiser et me donne une pomme. Elle reste à mes côtés jusqu’au grand départ.

Ça y est la course débute, mais je suis sur les nerfs à cause de plusieurs faux départs. L'épreuve commencée, je me fais rapidement devancer par les autres champions. Ils vont très vite et je suis un peu coincé en milieu de peloton. J'accélère dans la descente, je donne tout, double un ou deux concurrents, mais termine finalement à la onzième place. Déception, forcément.

Douche intégrale pour Voltigeur en sortie de course. Crédit: L. Gully/20 Minutes

Tout juste sortie de piste, Nina me récupère pour m’enlever mon harnais et me douche intégralement. Ensuite, elle me fait marcher une dizaine de minutes pour que je reprenne mon souffle. On repart une heure plus tard pour les Pays de la Loire. Fin d'une journée bien remplie. J'espère faire mieux lors de mes prochaines courses et, surtout, l'année prochaine.

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Épilogue: Voltigeur courra encore cette année et l’année prochaine. Lorsqu’il soufflera ses dix bougies, il se consacrera entièrement à sa carrière de reproducteur.