Mon premier est noir, mon deuxième est un résidu de combustible et mon troisième constitue le revêtement du champ de course de Vincennes (Val-de-Marne). Mon tout est... le mâchefer, résidu solide de la combustion de charbon ou de coke (composé minéral dérivé du charbon). Pluie, gel, forte chaleur, grâce à lui les saisons passent et la piste de l’hippodrome ne ferme jamais.

Un sol qui résiste à tout

La piste en mâchefer ne craint pas les aléas de la météo. Crédit: Le Trot

Selon Fabrice Douville, régisseur de l’hippodrome de Vincennes, «le mâchefer absorbe bien l’eau et évite la création de flaques sur le terrain. Quand il fait chaud, il suffit de bien l’arroser pour que le taux d’humidité reste stable, tandis qu’en cas de gel, on met un peu de sel et le tour est joué.» La piste à beau être facile d’entretien, «une équipe d’une quinzaine de personnes est nécessaire pour s’en occuper quotidiennement tout au long de l’année», précise le régisseur.

Notamment utilisé comme sous-couche pour les routes ou les terrains de tennis, le mâchefer à l’avantage d’être drainant. Les équipes de l’hippodrome y ajoutent de la terre battue par-dessus, ainsi que du calcaire et de la pouzzolane, roche volcanique bien connue des jardiniers. «Ainsi, l’eau s’infiltre et le terrain devient poreux et gagne en amorti», détaille Fabrice Douville.

Le mâchefer, un matériau confortable pour les chevaux

Le mâchefer permet d'éviter que les chevaux se blessent. Crédit: Le Trot

C’est pour cet aspect moelleux que le sol est reconnu. «La granulométrie (mesure de la taille des grains) du mâchefer est calculée afin que le terrain ne soit pas dangereux pour les chevaux. Lors du contact entre le sabot de l’animal et le résidu solide, les ondes de choc sont absorbées. Cela évite que des vibrations remontent dans les jambes de l’animal et provoquent des traumatismes», explique le régisseur de l’hippodrome. En ce qui concerne l’entretien de la piste, celle-ci «est décapée régulièrement pour remettre du mâchefer neuf. Les équipes de l’hippodrome de Vincennes limitent aussi l’utilisation du sel pour que le terrain reste confortable pour les chevaux, même lorsqu’il fait froid».

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La couleur noire n’est pas la seule spécificité de la piste de Vincennes, qui connait également un dénivelé de 10 m de légère descente entre les deux grands virages de la piste. «Une inclination qui s’avère parfois difficile physiquement pour les chevaux de course», remarque Fabrice Douville. Des données à prendre en compte pour les participants au championnat du monde de trot attelé (le Grand Prix d’Amérique) qui aura lieu dimanche 28 janvier. Même si les coureurs se sont déjà échauffés sur la piste de Vincennes lors du meeting d’hiver, remplacer le sable de la piste d’entrainement par du mâchefer un jour de grande compétition peut changer la donne pour certains chevaux.