Vos ancêtres étaient peut-être mineurs. Voilà le site à creuser pour le savoir
ARCHIVES•Un nouveau moteur de recherche lancé par les Archives nationales du monde du travail permet de retrouver la trace des mineurs du Pas-de-CalaisMathilde Sambardier
Contre le mur en brique, les visages graves s’affichent, calotte sur la tête et lampe à huile posée sur l’épaule. Et si parmi ces mineurs de fonds, surgissant du passé sur cette photo prise à la fin du XIXe siècle, figurait votre grand-père ? Pour le savoir, rien de plus simple, les Archives nationales du monde du travail ont lancé le 1er mars dernier une nouvelle plateforme. Elle permet de retrouver en un clic photos et fiche individuel d’un aïeul ayant travaillé dans les mines, principalement avant 1946. Le site est ainsi un bon moyen d’apprivoiser l’histoire de ses aînés.
Une demande très forte
Le standard des Archives nationales du monde du travail était submergé. Depuis des années, le service recevait de nombreuses demandes d’accès aux dossiers professionnels de mineurs par leurs descendants et avait des difficultés à les honorer. « Il fallait que les gens viennent consulter les originaux sur place ou qu’on leur envoie les documents par mail, c’était fastidieux », explique Raphaël Baumard, directeur adjoint des Archives nationales du monde du travail. Le service a donc numérisé les dossiers de mineurs de fonds nés avant 1900 et ayant travaillé pour les compagnies de Béthunes, Lens, Aniche, l’Escarpelle et Carvin-Meurchin. Au total, plus de 130.000 documents ont été mis en ligne.
Pas besoin d’être historien, le site s’adresse à tous les curieux. Il est volontairement très simple d’utilisation. Il suffit d’entrer un nom de famille, éventuellement un prénom, et on obtient tout le parcours dans la mine d’un grand-père mal connu : la date de son entrée dans la compagnie, ses blessures ou ses dates de service militaire. Parfois surgit aussi une photo. Un moment « très émouvant », reconnaît Raphaël Baumard. Il est possible de télécharger les documents pour les conserver.
Une « fierté » pour le passé minier
Le moteur de recherche connaît déjà un franc succès. « Plus de la moitié des connexions sur notre site concernent cette plateforme », se félicite Raphaël Baumard. Pourquoi une telle réussite ? Selon lui, la plateforme répond à un « aspect généalogiste en vogue », mais surtout répond à un « intérêt pour le passé minier dans la région ». Aujourd’hui, les plus jeunes veulent mieux connaître cette époque, parfois évoquée dans les familles, mais qui reste mal connue. Grâce au site, chacun peut donc « relier la grande histoire à sa propre histoire individuelle », résume Raphaël Baumard. Une façon aussi de donner un visage à des générations de travailleurs oubliés.
Notre dossier sur l'héritage des mines