Les secrets des danseurs pour être aussi synchro
Timing•Ce n’est pas toujours facile de faire une coupole en même temps que les autres…Laura Belleyme
C’est peut-être leur seul point commun avec les nageuses synchronisées des Jeux Olympiques. Tout en souplesse, ces sportives enchaînent les mouvements à l’identique, comme un seul homme. En spectacle ou en battle, les breakers aussi doivent se soumettre à l’exercice périlleux de la chorégraphie. Nous avons demandé aux pros leurs meilleurs conseils pour être en accord avec le tempo.
On ne va pas se mentir, le premier secret (de polichinelle) pour être synchronisé en dansant le break, c’est le travail. Et ça, tous les pros vous le diront. Des heures et des heures passées ensemble devant le miroir à chasser chaque défaut. «En une journée, on crée une choré, on la peaufine. A la fin de la journée, tout le monde la connaît», explique Riyad Fghani, chorégraphe du crew Pockémon.
Se lancer des défis pour avancer plus vite
Sa méthode «maison» pour intéresser les danseurs pendant ces longues séances? Faire des jeux, que ça devienne ludique. «Je leur dis: "On la fait une fois", et il faut que tout le monde la passe nickel. Si un seul d’entre eux se trompe, on reprend tout du début. C’est comme un défi», confie-t-il.
Autre pratique répandue en répétition, «compter de 1 à 8. Mais en spectacle, il ne faut pas compter, il faut sourire.» Raison de plus pour s’acharner. «À force de répéter, les gestes deviennent naturels», reconnaît le chorégraphe.
Sur scène aussi, les repères sont nombreux pour guider les danseurs. «La lumière, la musique... Tout est synchronisé. Les gestes sont basés là-dessus», explique Vartan Bassil, chorégraphe du spectacle Flying Illusion [dont 20 Minutes est partenaire], où 90% des pas sont chorégraphiés. «Si on rate un seul temps, tout est désorganisé», prévient-il.
Accidents de choré
Dans ce spectacle basé sur l’illusion, Willy tient l’un des rôles clés. Quand il a dû apprendre la chorégraphie, le breaker et danseur du spectacle Red Bull Flying Illusion a dû trouver ses repères. Puis il a laissé libre cours à son break. «Ma méthode? Je ne doute pas, j’ai confiance en moi et confiance dans mon équipe», explique-t-il. Une recette miracle toute simple, mais bien difficile à appliquer.
« Une photo publiée par Who Got The Flower ?! Festival (@wgtflower) le 9 Août 2016 à 6h13 PDT »
Surtout que le break est un sport de style. Chacun s’exprime à sa manière et cela se ressent dans les mouvements. Pour Riyad Fghani, cette diversité est un atout. «C’est ça qui est beau, de voir plusieurs corps différents! Il y a des défauts, les mouvements ne sont pas tout à fait symétriques mais ça les rend jolis », sourit-il. «Avec les autres danseurs, même si on est différents, on essaie d’être synchro», approuve Willy. «Au final, on n’est pas au millimètre. Ce n’est pas l’armée non plus», rit-il.
Les accidents de choré, un danseur qui se perd, ça arrive «mais ça ne fait pas pro», tranche Riyad Fghani. Et puis ça peut être dangereux. «En 2011, l’un de nos danseurs faisait un double salto. Seulement, son timing n’était pas parfait. Les porteurs l’ont lancé sans qu’il puisse reprendre ses repères. Il a fait une chute de 5 mètres et a eu une fracture ouverte sur le bras.» Résultat: un an et demi de rééducation.
Si le manque de synchronisation ajoute parfois un brin de folie au break, impossible de négliger le travail de répétition car la discipline laisse peu de place à l’erreur de chorégraphie.