PORTRAITSur la route de Sébastien Roblin, adepte du son

Sur la route de Sébastien Roblin, adepte du son

PORTRAITIngénieur son, il est passionné par son métier qui l’emmène pourtant très loin…
Constance Daulon

Constance Daulon

We Love Green, Musilac, Peacock Society, Vieilles Charrues… La liste des événements pour lesquels Sébastien Roblin travaille est longue. Depuis neuf ans, il est co-gérant d’Intelligence Audio, une SARL d’ingénierie et de technique du son, installée dans le 12ème arrondissement de Paris. A deux pas de ses bureaux, il prend le temps de raconter son métier avec ferveur avant de filer à Musilac en train. «On travaille dans l’événementiel et sur les tournées des artistes en live, ces deux créneaux demandent des compétences différentes.» Leur coup de cœur musical? La musique électronique. Le plus speed? Les festivals.

Partitions et études longues


Avant de courir après les transports, Sébastien Roblin a étudié le solfège et le piano au conservatoire de Dijon. C’est là qu’il s’est rendu compte de «l’importance de la prise de son». Il se dirige vers un bac scientifique pour la physique avant d’enchaîner sur un Deug (bac +2) en maths et informatique appliquée aux sciences et une maîtrise en sciences et techniques d’images et du son à Brest. Le seul diplôme de ce type à l’époque. Pour l’ingénieur, il faut «une formation scientifique pour avoir des notions d’électricité, d’électronique et d’informatique».

Heureux hasard, les premières éditions d’Astropolis rythment la cité bretonne: «mes premiers plaisirs électro». Il reste huit ans à Brest et travaille pour Audiolite, le prestataire de la grande scène des Vieilles Charrues, entre autres. Il part aussi en tournée avec les Svinkels, puis les Birdy Nam Nam qui font leurs débuts. «Via leur label de l’époque UWE, j’ai rencontré l’équipe de production de Savoir Faire ce qui m’a permis de bosser sur les live de leurs artistes: Yuksek, Gesaffelstein, I am un chien, Joris Delacroix, The Avener...»

Un parcours rythmé

Sébastien Roblin vit à l’époque dans trois appartements à Brest, Paris et Lyon.  «Quand on est jeune, c’est cool. Tu fais 50.000 km par an en voiture, sans compter les trains et les avions.» Le professionnel estime à 18 le nombre d’heures travaillées par jour sur un festival. «Il ne faut pas avoir besoin de beaucoup de sommeil et une bonne résistance physique.» Et si les goûts musicaux sont libres, le relationnel s’impose. «Il faut écouter et comprendre les autres, les artistes et la production, estime-t-il. De la diplomatie.»

Et pas seulement au travail. Aujourd’hui père de deux enfants, il est très peu chez lui. «C’est très dur à gérer quand je pars un mois aux Etats-Unis par exemple, c’est le plus contraignant, il faut vivre avec quelqu’un qui comprenne.»  Au programme: les festivals de mai à août et les tournées d’artistes à l’étranger l’hiver.

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A la croisée des travaux

En 2004, il part pour Lille toujours pour Audiolite à l’occasion de sa nomination comme capitale européenne de la culture. «On s’occupait de l’Aéronef et de la Condition publique à Roubaix, j’ai tissé des liens là-bas et j’ai eu envie de monter ma structure.» Deux ans plus tard naît Intelligence Audio, un nom pour résumer la différence entre le «travail intellectuel et matériel». Désormais, le trentenaire fait de la recommandation.

«Je modélise en 2D ou 3D la place des outils nécessaires en fonction des demandes de nos clients, on définit les besoins techniques pour lesquels on dresse une liste de matériel pour le prestataire.» Sur place, il faut veiller au montage et gérer les équipes. «Il y a une partie ingénierie pure et une autre sur le terrain», ajoute Sébastien Roblin. Sans oublier la veille technologique dans un milieu où  tout évolue très vite: «ça prend un tiers de notre temps».

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Faire plaisir aux autres

De ses expériences, il se rappelle notamment d’un concert organisé par l’ambassade américaine de Dakar dans un stade avec 14 groupes qui ont joué de 17h à 7h. «Des milliers d’enfants couraient vers la scène à l’ouverture des portes, ils avaient juste envie de faire la fête et on peut leur accorder quand on fait ce job.»

Les retours sont parfois difficiles comme lors de cette tournée d’un an et demi avec les Birdy Nam Nam. «Il y a une sorte de dépression sur le moment, c’est très addictif.» Pas de routine pour celui qui est excité dès le matin: «Je me nourris beaucoup des rencontres avec les techniciens et les artistes.» Même si on est dans l’ombre? «Je suis heureux derrière, je prépare mes trucs et j’ai le plaisir d’être entouré par le public qui kiffe.»