REPORTAGERock en Seine: les bénévoles en redemandent

Rock en Seine: les bénévoles en redemandent

REPORTAGEMais qu’est-ce qui motive les bénévoles à donner de leur temps sur un festival?
Marion Buiatti

Marion Buiatti

En se baladant sur le site, les oreilles grandes ouvertes, on capte une conversation… «Je finis à 18h30, après je suis libre, on va ou tu veux! J'ai envie de voir Jungle, Alt-j c’est cool aussi», dit Paul-Mathieu, 23 ans, à un ami venu le voir sur le stand d’accueil situé au centre du festival. Car c’est bien là tout l’intérêt d’être bénévole: «C’est génial! On a accès au site pendant trois jours, et même si l’on travaille on s’arrange toujours pour avoir nos concerts…  Même si l’on rate un peu la moitié, le début, la fin», commente le jeune homme avec entrain tout en disposant des bouchons d’oreilles gratuits sur son stand.

Un deal prisé par les jeunes


L’accès gratuit au site est la principale raison de l’enthousiasme des candidats postulants au bénévolat. «Les pass, l’hébergement, les déplacements, etc. ce n’est pas forcément à la portée de tout le monde. Quand on est bénévoles, on a l’accès au camping et on est nourri», commence Yann, 26 ans, sept ans de bénévolat au compteur. Et sa comparse Nelly, 24 ans, d’enchaîner: «C’est donnant/donnant. Ca offre la possibilité à des gens qui ont envie d’accéder au festival et qui n’ont pas forcément beaucoup de moyens d’en faire partie. Il y a donc beaucoup d’étudiants, moi-même je le suis, qui, en échange d’un petit peu de leur temps peuvent profiter de l’événement.»

Cinq à 6 heures par jour, ils s’occupent de «l’accueil, la surveillance, les expos, la gestion des déchets, de l’espace VIP et médias, mais aussi du montage du site en amont», détaille Coralie, responsable des bénévoles de la section ‘accueil public’. Depuis huit ans, à la suite de son stage auprès d’une des chefs de projet du festival, elle gère les jeunes venus donner un coup de main gratuitement. Encadrement, planning, suivi, mise en place mais aussi ambiance, la jeune femme surveille de près son équipe. «Elle est tout le temps en train de déconner», apprécie Paul-Mathieu.

«Premiers arrivés, premiers servis»

Au détour d’un stand, on croise tout un petit groupe, chacun portant une chasuble verte estampillée Rock En Seine. Ils s’affairent à changer les poubelles, ramasser les prospectus et autres déchets trainants sur le site avec le sourire, c’est la ‘brigade verte’. A l’entrée, certains remettent les bracelets à ceux qui ont acheté un «pass 3 jours», pendant que d’autres distribuent allègrement les programmes de l’événement ou s’occupent de surveiller la foule derrière les barrières pendant les concerts.

Pour choisir son affectation, «c’est premiers arrivés, premiers servis, commente Nelly. Les missions sont attribuées en amont par mail. L’organisation appelle les anciens en priorité. Sinon, il faut s’inscrire sur leur site dès le 1er juin.» Après avoir testé l’accueil du public pendant deux ans, la jeune femme fait partie depuis quatre ans de la brigade verte car elle aime «le contact avec les gens sur le domaine de Saint-Cloud.»

Beaucoup de souvenirs

Car ce qui fait la magie d’un festival, ce n’est pas que la musique, mais bel et bien le public et l’ambiance qu’il y met. Et il en va de même pour les bénévoles. «On fait beaucoup de rencontres et les liens créés restent, comme avec Yann, ou cet ami qui vient exprès de Mayenne pour Rock En Seine», poursuit Nelly. «Ca fait vraiment de bons souvenirs, ajoute Yann. Cette année, on m’a encore parlé de mon défilé avec les bottes roses en 2010 pour promouvoir le merchandising du festival! Une année, nous avions eu le portfolio d’affiches que des graphistes avaient imaginé pour l’exposition, ça a longtemps pris un pan de mur dans ma chambre!» Les partenaires leurs offrent également des goodies: «ce sont des bricoles mais c’est sympa, et puis on a aussi le tee-shirt de l’édition», ajoute Nelly. Ces petits «cadeaux» font bien sûr partie des motivations des bénévoles pour donner un coup de main à Rock En Seine, mais ce n’est pas ce qui les intéressent le plus.

Découvrir l’envers du décor

Ils sont seulement 350 pour aider l’organisation à satisfaire les festivaliers. Et c’est la perspective de se retrouver dans les coulisses de la grande messe rock parisienne annuelle qui les incite le plus à s’aventurer dans le bénévolat. Grâce à leurs bracelets, ils passent dans les allées techniques et découvrent les dessous de l’événement.

«En participant en tant que festivalier on a une certaine vision, assez euphorique, du festival. Le fait d’être bénévole nous permet de voir l’envers du décor, ce que les autres ne voient pas», raconte Yann. Plusieurs de ses anciens camarades bénévoles ont d’ailleurs découvert leur vocation à la suite de leur expérience en coulisses: «certains sont devenus techniciens, d’autres se sont orientés vers l’événementiel.» Et sa comparse Nelly, de conclure: «il y en a même qui ont fini dans la presse culturelle!»