CINéMA cinemaDix personnages qui ont changé l'image de la femme au cinéma

Dix personnages qui ont changé l'image de la femme au cinéma

CINéMA cinemaElles ont marqué l'histoire du grand écran par leurs performances cinématographiques et bousculé les clichés...
Aliénor Manet

Aliénor Manet

Elles ont marqué les esprits et les mémoires cinématographiques. Allant à l’encontre de la domination masculine sur grand écran, certains personnages féminins ont transgressé les préjugés pour imposer leur force et leur originalité, se dressant à l’égal de leurs compagnons masculins. Nous avons demandé à des chercheurs et des critiques  spécialistes de cinéma de nous donner leur top 10 de ces figures féminines.

1. Margo Channing  jouée par Bette Davis dans Eve (1951), de Joseph L. Mankiewicz




Racontant l’histoire d’une jeune première fascinée par une actrice plus âgée et expérimentée qu’elle, Eve est un des premiers films d’Hollywood à mettre en scène deux femmes en personnages principaux. Bette Davis qui cantonne le rôle de Margo Channing, l’actrice tempétueuse qui voit dans Eve, la petite nouvelle, celle qui pourrait la détrôner, a été nominée 10 fois aux Oscars et est surnommée “la reine d’Hollywood” pour sa prestance devant la caméra. «A cette époque, c’était tellement original de mettre des femmes au centre d’un film qu’on en faisait le sujet du scénario», explique David Honnorat, rédacteur en chef de Vodkaster.

2. Juliette Hardy, jouée par Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme, (1956), de Roger Vadim

Brigitte Bardot se libère dans Et Dieu créa la femme de Roger Vadim. - D.R.

Pour Brigitte Rollet, spécialiste du cinéma et de la télévision et chercheuse à Sciences po, le personnage de Juliette Hardy dans Et Dieu créa la femme marqua un point de rupture dans l’histoire du cinéma français. «Brigitte Bardot modifie totalement la perception du féminin qui prévalait auparavant. Pas sa dimension “libre”, elle représente, au départ, une forme de libération pour les femmes du public.» Par contre, selon la chercheuse, «La Nouvelle Vague a peu changé la conception un peu figée et archaïque des femmes, à l'exception de Jeanne Moreau dans Les Amants de Louis Malle qui vit et suit son désir contre la morale dominante.»

3. Eliza Doolittle jouée par Audrey Hepburn dans My Fair Lady (1964), de John Cukor


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Oscars du meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur réalisateur en 1965, My Fair Lady ne donna pas celui de la meilleure actrice à Audrey Hepburn pourtant mémorable dans cette “comédie” musicale sociale aux accents british. Loin de ses rôles habituels de jeune femme fragile et mignonne, l’actrice se met dans la peau d’une marchande de fleurs londonienne aux manières simples et au langage peu châtié. Son initiation aux bonnes manières reste teintée de stéréotypes persistants, mais l’interprétation de l’actrice anglaise pousse le spectateur à les dépasser pour mettre la femme telle qu’elle est au centre du film.

4. Louise Sawyer jouée par Susan Sarandon dans Thelma et Louise (1991) de Ridley Scott



Thelma et Louise fut un des films charnière dans la bataille pour l’égalité hommes-femmes au grand écran. Sortie au cinéma en 1991, l’oeuvre de Ridley Scott projette les idées féministes du moment sur ces deux femmes aux vies bien différentes et réunies dans une même aventure. «Bien que le film soit réalisé par un homme, il met au centre de l’intrigue le thème de l’émancipation de femmes qui fuient la violence des hommes, décrypte David Honnorat. Ce road movie est une déclinaison quelque peu divergente de Bonnie and Clyde, mais qui offre la même transgression.»

5. Black Mamba jouée par Uma Thurman dans Kill Bill (2003), de Quentin Tarantino


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Black Mamba dans Kill Bill a introduit au cinéma la figure de la femme super-héroïne, autodidacte, indépendante et qui à le pouvoir de se sauver elle-même, contrairement au cliché répandu dans les films de science-fiction (SF). Pour le rédacteur en chef de Vodkaster, «Luc Besson avec Leelo dans Le cinquième élément, ou plus tard dans Lucy a toujours su donner de la place aux femmes dans ses films. Mais, contrairement à Kill Bill, ces personnages féminins sont souvent réduits à l’image de ses propres fantasmes.»

6.Erin Brockovich, jouée par Julia Roberts dans Erin Brockovich (2000) de Steven Soderbergh



Cette claque envoyée à son patron Ed Masry, n’est qu’une parmi tant d’autres répliques mémorables lancées par Erin Brockovich dans le film éponyme de Steven Soderbergh. Sorti en avril 2000, ce biopic américain retrace la bataille d’une femme qui de manière autodidacte monta l’un des plus importants procès de justice environnementale des Etats-unis. Elevant seule ses deux enfants, sans diplôme, et au début sans emploi, Erin Brockovich, incarnée par Julia Roberts, vit les galères quotidiennes de nombreuses femmes dans le monde. C’est dans l’adversité de sa condition de femme et de mère qu’elle remporte ses victoires et reconstruit sa vie tout au long du film. «Comme Karen Silkwood que jouait Meryl Streep en 1983, ce sont des personnages dont le public féminin se sent proche parce qu'elles ont les premiers rôles et qu'elles ne sont pas que des objets sexuels», résume Brigitte Rollet.

7. Katniss Everdeen jouée par Jennifer Lawrence, dans Hunger Games (2012) de Gary Ross, et (2013-2015) de Francis Lawrence

Dans le dernier opus d'Hunger games, Katniss Everdeen tente le tout pur le tout pour sauver son peuple.  -Metropolitan FilmExport

Agée de seulement seize ans dans l’histoire, Katniss Everdeen est sans doute un des premiers rôles féminins les plus forts du cinéma heroic fantasy de ces dernières années. Jennifer Lawrence (depuis oscarisée et, en ce moment, à l'affiche de Joy) qui l’incarne dans les quatre films qui sont sortis depuis 2012, lui a donné la force que Suzanne Collins, l’auteure des livres avait donné au personnage. «Pour que les inégalités de genre disparaissent dans le monde du cinéma, il faut que les producteurs puissent se dire qu’un film avec un personnage central féminin puisse aussi très bien marcher», analyse David Honnorat. Avec 2,11 milliards d’euros de recettes pour les trois premiers épisodes - le dernier étant toujours dans les salles - Hunger Games a montré que le risque valait le coup d’être pris.

8. Rebelle, dans Rebelle (2012) de Mark Andrews et Brenda Chapman



Les films d’animation, notamment les Disney comme Pocahontas (1995), ou Mulan (1998), ont rapidement mis en scène des personnages féminins qui prennent en main leur destin, quitte à devoir s’opposer aux hommes. Mais un cliché y a la peau dure: les personnages féminins doivent répondre à un certain idéal masculin. «Dans le cas de Rebelle, les producteurs des studios Pixar n’ont pas osé aller au bout du scénario original et faire d’une fille indépendante mais ne répondant pas aux critères de beauté classiques un personnage puissant», regrette David Honnorat.

9. Dr Ryan Ston jouée par Sandra Bullock dans Gravity (2013), d’Alfonso Cuaròn

Alfonso Cuaròn dirige Sandra Bullock, et son compagnon de plateau Georges Clooney sur le tournage de Gravity.-Warner Bros Entertainment

Nominée en 2014 pour l’Oscar de la Meilleure actrice, aux Golden Globes et aux BAFTA awards, pour son rôle dans Gravity, Sandra Bullock avec son personnage du Dr Ryan Ston incarne un ingénieur médical spécialisé dans l’imagerie radiologique, un type de fonction dans lequel on trouve peu de femmes au cinéma. «Ce film a introduit un grand rôle féminin dans un genre où on ne l’avait vu: le film spatial», décrit David Honnorat.

10. L’impératrice Furiosa, jouée par Charlize Theron dans Mad Max (2015), de Georges Miller



Alors que le film porte le nom de son supposé personnage principal, Charlize Theron joue dans Mad Max une Furiosa hypnotisante qui porte l’intrigue du début à la fin. Alors que Max est littéralement muselé pendant la première partie du film, et donc muet, elle occupe l’espace sonore et porte le film, face à un Max quelque peu inexpressif. Pour Brigitte Rollet, «comme le personnage que joue Sigourney Weaver dans les Alien, les films de SF ou équivalents, échappent parfois aux stéréotypes dominants plus facilement que d'autres genres masculins comme le film de guerre.»

Mais en dehors de ces quelques rôles exceptionnels, les lignes ne bougent que très lentement sur ces questions. Que ce soit pour David Honnorat ou pour Brigitte Rollet, «l'idée que le cinéma pourrait contribuer à modifier les inégalités et discriminations reste malheureusement un vœu pieu: les films qui drainent le public le plus large ne sont pas souvent des espaces où les lignes bougent dans ce domaine. Certains contribuent même à renforcer les clichés», tranche cette dernière. Pour voir si un film échappe aux stéréotypes masculins, faites-lui passer le test de Bechdel.

>>> Retrouvez tout notre dossier "Femmes de pouvoir", en partenariat avec Fox et le film "Joy", au cinéma le 30 décembre.