Contre-la-montreComment la Nouvelle-Aquitaine lutte contre l’érosion

Comment la Nouvelle-Aquitaine lutte contre l’érosion

Contre-la-montreLa mer grignote lentement mais sûrement le littoral, un phénomène accru par le changement climatique
Jeanne Lemercier

Jeanne Lemercier

L'essentiel

  • Le littoral de Nouvelle-Aquitaine est particulièrement exposé à l’érosion.
  • Le trait de côte recule de trois mètres par an.
  • Les collectivités locales se mobilisent pour élaborer des stratégies de lutte active contre la mer.

Le prochain Novaq, le festival de l’innovation de La Rochelle organisé par la région Nouvelle-Aquitaine, du 9 au 11 avril, y consacrera l’une de ses conférences gratuites : comment lutter contre l’érosion, qui menace le littoral ? Si le phénomène est pris au sérieux sur l’ensemble du littoral français, la Nouvelle-Aquitaine fait figure de pionnière sur le sujet. Depuis longtemps, elle affiche des chiffres préoccupants : la bande côtière recule d'un à trois mètres chaque année​, réduisant les stocks de sédiments (le sable est charrié par la mer) et menaçant logements et activités économiques.

D’ici à 2050, la côte sableuse pourrait perdre 50 mètres et la côte rocheuse 27, d’après le Gip Littoral, qui réunit les services de l’Etat et les collectivités territoriales du littoral aquitain. Cyril Mallet, ingénieur en risques côtiers pour l’Observatoire de la côte aquitaine (OCA), rappelle que « l’érosion est un phénomène mondial et naturel qui se produit depuis 18.000 ans sur tous types de littoraux, sableux comme rocheux, mais aussi les estuaires. Sur la côte atlantique, la mer était alors à 120 mètres au-dessous de son niveau actuel. » Pourquoi s’inquiète-t-on plus particulièrement aujourd’hui ? « Parce que la question a été oubliée dans les années 1960 et 1970, période de forte urbanisation, répond Cyril Mallet. Le recul s’est accru, et s’aggrave encore avec les phénomènes climatiques, comme les tempêtes hivernales. » Pour exemple, entre octobre 2019 et janvier 2020, le trait de côte a reculé de six mètres à Biscarosse dans les Landes, frappée notamment par la tempête Fabien de décembre 2019.

Les pieds dans l’eau dans cinq ans

Depuis le 1er janvier 2018, date d’entrée en vigueur de la loi NOTRe sur la décentralisation, les collectivités locales ont l’obligation de mettre en place des stratégies de lutte active contre la mer. La plus dure, qui consiste à construire des digues ou des cordons d’enrochement sur la plage afin de stopper la submersion, est remise en question en Nouvelle-Aquitaine : « Elle est très coûteuse et ne fait que déplacer le problème dans l’espace et le temps », souligne Vincent Bawedin, qui pilote la gestion de la bande côtière à la communauté de communes des Grands Lacs, dans le département des Landes.

Lui est chargé de limiter les dégâts à Biscarosse, cas de figure emblématique. Là, trois établissements, un hôtel et deux chalets vieux d’un siècle, devraient avoir, d’après les projections, les pieds dans l’eau dans à peine cinq ans. « Notre stratégie, dite de lutte active douce, s’appuie sur deux piliers : le rechargement en sable et la relocalisation des trois bâtiments. Depuis l’été dernier, l’un des trois est sous le coup d’un arrêté de sûreté pour péril imminent. » Le choix a été fait de ne pas perturber l’équilibre de la mer, en accompagnant le processus d’érosion, notamment en l’intégrant dans le plan local d’urbanisme. Une stratégie jugée efficace à l’horizon 2045.