ma vie écocoGreeters mise sur la rencontre au détour d'une visite guidée

Greeters mise sur la rencontre au détour d'une visite guidée

ma vie écocoAujourd’hui, notre rédactrice 100% économie collaborative découvre «Greeters», un réseau de passionnés censés guider les touristes «hors des sentiers battus». Loin de se substituer aux guides professionnels, les greeters sont avant tout l’occasion de faire des rencontres…
Adèle Bertier

Adèle Bertier

Dès que je mets les pieds dans un endroit que je ne connais pas, j’ai le réflexe visite guidée. Mais j’ai horreur des groupes de touristes qui obligent le guide à s’égosiller pour se faire entendre de 20 personnes… Alors j’ai décidé de tester Greeters, une fédération d’origine américaine qui regroupe une soixantaine d’entités en France (offices de tourisme ou associations locales) et qui propose des balades gratuites, en tout petit groupe. «Il y a les touristes qui viennent pour voir la tour Eiffel, et apprendre le maximum de choses historiques. Et il y a les autres, qui veulent rencontrer les locaux, et prennent juste plaisir à se balader», avance Christian Ragil, président de la Fédération France Greeters



Lors de mon inscription sur le site, je renseigne mes centres d’intérêt: gastronomie et marchés, sport et randonnées, arts et artisanats. Et je précise bien que je suis fan de nature et de grands espaces… Histoire de ne pas me faire embarquer n’importe où.

Un guide flexible et exclusif

Hubert, "greeter" depuis 8 mois, nous guide dans le 16e arrondissement parisien. Crédit: A. Bertier/20 Minutes


Le site propose une visite du côté du 16e arrondissement parisien et de Boulogne. Parfait. Une fois ma demande envoyée, je reçois un mail d’Hubert, qui suggère de «marcher à la découverte des serres d'Auteuil et le parc Edmond de Rothschild». Tout à fait le genre de flânerie que je recherche. On ne peut pas avoir accès aux profils des greeters pour voir si ça peut coller niveau affinités, mais un bon point: si la proposition de balade ne nous convient pas, on en reçoit une autre.

La balade est fixée le samedi, à 15h. Mais le jour-J, j’ai un contre-temps. Hubert fait preuve de souplesse et accepte de décaler à 16h. Plutôt sympa… En plus de ça, aucun risque qu’on se retrouve à suivre un petit drapeau de loin. Nous ne sommes que deux avec mon ami. Les greeters n’acceptent jamais plus de 6 personnes par balade.

«Je n’en veux pas aux greeters, mais ils devraient réfléchir à ce qu’ils font»

La balade débute avec les serres d'Auteuil et ses plantes exotiques. Crédit: A. Bertier/20 Minutes


Du genre bavard, les présentations à peine faites, Hubert embraye sur le programme de la visite. Finalement, nous n’irons pas au parc Rotschild, «pas le temps». Dommage. On commence avec le jardin des poètes, puis les serres d’Auteuil, dans le 16e. Elles renferment des plantes exotiques qui nous font un peu voyager. «C’est quoi cet arbre, d’après vous?» Hubert nous pose une colle. Il s’agit d’un cafetier dont il ne connaît pas la provenance. «Il vient d’Ethiopie», me confie Amy, une professionnelle qui assure des balades dans les parcs et jardins de Paris.

Les greeters sont ainsi loin de se substituer aux guides professionnels. Mais le fait qu’ils soient gratuits et que les offices de tourisme les cautionnent poussent les touristes à se tourner vers eux. «Je n’en veux pas aux greeters, mais ils devraient réfléchir à ce qu’ils font, réagit Sophie Bigogne, porte-parole du Syndicat professionnel des guides interprètes conférenciers (SPGIC). C’est comme si moi, qui adore la pâtisserie, je distribuais des éclairs gratuitement, devant une pâtisserie professionnelle».

Hors des sentiers battus, vraiment?

L'ancienne piscine Molitor est maintenant un hôtel 5 étoiles. Crédit: A. Bertier/20 Minutes


Je ne sais pas si la pâtissière amateur raconterait sa vie de famille aux «clients», mais Hubert, lui, n’hésite pas à nous confier la sienne. Il s’octroie même un facetime avec son fils expatrié à Belgrade… Et nous montre à la caméra au moment où on passe les portes d’un hôtel 5 étoiles, ancienne piscine Molitor reprise par le groupe Lagardère. Son côté décontracté est plutôt amusant.  

En tant qu’ancien conseiller de quartier aujourd’hui à la retraite, Hubert se délecte de passer une heure sur l’architecture des années 30, une balade urbaine dont on trouve le plan et les explications à disposition des passants. L’office de tourisme propose même cette visite avec des explications «plus poussées» grâce à un guide conférencier, pour 9€ par personne. Au lieu de sortir des sentiers battus comme promis, on y saute plutôt à pieds joints… Heureusement,  Hubert nous raconte quelques anecdotes qui donnent du piment à la balade.

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«C’est ici qu’Edith Piaf s’est réfugiée à la mort de Marcel Cerdan», nous indique-t-il devant la rue Gambetta. Mais l’anecdote est erronée: d’après les informations que je trouve dans différents médias, c’est  ensemble que le couple a vécu là. Ok, je suis peut-être un peu tatillon… Il fallait s’y attendre: «Un greeter n’offrira jamais la même prestation qu’un guide professionnel, insiste le président de la fédération. En général, il aime raconter ses passions, partager un vrai moment personnel avec les touristes». Mieux vaut, dans ce cas, avoir des atomes crochus avec cet apprenti guide. La seule manière de savoir sur qui on va tomber est de se lancer… Ça ne coûte rien.