communicationLa communication participative, ce «militantisme du clic»

La communication participative, ce «militantisme du clic»

communicationLe crowdspeaking, ou « communication participative » est un nouveau modèle de militantisme...
Adèle Bertier

Adèle Bertier

Comment se la jouer militant tout en restant assis derrière son écran ? En se rendant sur des sites tels que Daycause, Thunderclap ou HeadTalker. Ces plateformes de crowdspeaking font appel au soutien des internautes mais sans attendre d’eux qu’ils mettent la main à la poche, contrairement au crowdfunding.

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"Faites entendre votre voix", le message de Daycause. Crédit: Daycause


Ce qui intéresse les ONG, associations, entreprises ou même partis politiques, est de transmettre un message au plus grand nombre sur les réseaux sociaux. Pour cela, ils publient le jour de leur choix un message en leur nom, sur leur profil Facebook et/ou Twitter. Une pratique qui s’apparente à un militantisme «bas de gamme» de la part des internautes, selon certains spécialistes.

L’engagement minimal, ou «slacktivisme»

Pour la militante féministe Caroline de Haas, cette pratique correspond à un niveau d’engagement «minimal». «Les gens n’ont même pas à réfléchir sur la formulation d’un message. Il suffit de cliquer et on laisse faire. C’est très facile». Trop facile? Ce «militantisme du clic» porte un nom: le «slacktivisme», analyse Justin Poncet, spécialiste de l’opinion en ligne.

En clair: «C’est plus facile de cliquer pour soutenir une cause que de se déplacer et de risquer de se prendre des gaz lacrymo.» Qui sont ceux qui soutiennent ce type de campagnes? «Des gens qui inondent leurs profils Facebook de tas de choses et qu’on finit par ne plus écouter», assure le spécialiste.

«Un clic, c’est toujours mieux que rien»

La campagne de la SPA a reçu 1.554 soutiens. Crédit: Daycause

C’est pourtant loin d’être le cas d’Elodie, 28 ans. La jeune femme a récemment soutenu la campagne de la SPA visant à sensibiliser à l’abandon des animaux à l’approche de l’été. D’ordinaire très peu active sur les réseaux sociaux, Elodie est tombée «un peu par hasard» sur la campagne. «J’avais envie d’essayer, par curiosité. Je suis très sensible à la cause animale mais avec mon travail prenant, je n’ai pas vraiment le temps de faire de «vraies» actions militantes.» Le 7 juin, Elodie a vu son mur Facebook agrémenté du message de la SPA, comme 1.553 autres personnes.

Pour elle, un clic pour une cause qui lui importe, «c’est toujours mieux que de ne rien faire». Mais là encore, Justin Poncet est dubitatif. «Je n’aime pas le fait de simplifier au maximum la participation des citoyens. On privilégie la quantité de messages diffusés, à l’implication réelle, quasi inexistante.»

Pas d’informations personnelles dévoilées

Adrien, qui signe régulièrement des pétitions politiques sur change.org et les relaient sur Twitter avec un message personnalisé, n’a jamais soutenu une campagne de crowdspeaking. «Je trouve que ça a beaucoup plus de sens de relayer une cause avec mes propres mots, témoigne-t-il. En plus, le fait de laisser quelqu’un poster quelque chose à ma place sur mon profil Facebook me dérange.»

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Les sites de crowdspeaking assurent cependant n’accéder à aucune information concernant les comptes Facebook ou Twitter des utilisateurs. En revanche, à l’instar de n’importe quel site avec un compte associé, Daycause propose à ses utilisateurs de soutenir des causes qui pourraient correspondre à leurs centres d’intérêts.

«Pas suffisant», pour Caroline de Haas. «Il faudrait que le crowdspeaking aille plus loin en recontactant les internautes pour mettre en place de vraies actions». Mais le risque serait de perdre une communauté qui trouve bien confortable de s’arrêter au stade du clic.