Des fruits bio, gratuits et à volonté, c’est possible avec cette carte collaborative
Gratuivore•Avec Falling Fruit, ces trois américains ont inventé le réseau social des arbres fruitiers….Julien Valnier
Envie d’une pomme? Et si vous la cueillez dans la rue plutôt que de l’acheter? C’est ce que permet Falling Fruit, une carte collaborative qui géolocalise les arbres fruitiers et plantes comestibles dans nos villes. En gros, une Google Map pour grignoter sans frais.
A l’origine du projet, Ethan, Caleb et Jeff. Trois étudiants américains adeptes de la récupération de nourriture. «En tant qu’habitants des villes, nous avons complètement perdu le lien avec l’origine des produits que nous consommons. Nous ne savons même plus nommer les arbres qui nous entourent», s’indigne Ethan Welty.
Open data
C’est en cherchant des pommes pour en faire du cidre que l’idée lui est venue: «J’étais là, avec mon GPS et mon appareil photo à répertorier les arbres en prévision de la récolte et soudain je me suis rappelé que ce travail avait déjà été fait!», se remémore le jeune doctorant.
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Chaque ville tient en effet un registre précis des différents arbres plantés sur ses trottoirs. Des données accessibles depuis peu aux citoyens grâce aux politiques d’«open data» des mairies.
Falling Fruit permet de géolocaliser les arbres fruitiers. Ici, dans le centre de Paris. Crédit : Falling Fruit.
Encore fallait-il que quelqu’un s’y colle pour transformer les rudes tableurs Excel en une carte attrayante et facile d’usage.«Ça nous a demandé des centaines d’heures de travail, on a taffé tous les soirs pendant des mois…Mais en 2013 nous avons enfin publié la première version en ligne.»
700.000 utilisateurs
Et le succès est au rendez-vous. Aujourd’hui consultée par près de 700.000 personnes dans le monde (dont seulement la moitié aux Etats-Unis) la carte Falling Fruit répertorie les arbres fruitiers de plus de 2.300 villes dans 70 pays.
En France, pas moins de 9.000 arbres sont inscrits. Principalement à Paris, même si de nombreuses autres villes vont suivre «dès que j’aurai classé les données», assure Ethan.
Parmi ceux-ci on découvre des pommiers, des pruniers et des noisetiers en plein cœur de la capitale. Mais aussi des espèces comestibles moins connues comme le févier d’Amérique, dont les baies peuvent remplacer le café, ou le robinier faux-acacia qui permet de préparer de délicieuses gelées à base de fleurs.
Variétés anciennes
«C’est un choix délibéré de notre part. Nous voulons faire redécouvrir des variétés utilisées par nos ancêtres ou par d’autres cultures et qui ne servent plus chez nous que d’ornement», explique le doctorant.
Jeff Wanner, Caleb Phillips et Ethan Welty sont les créateurs de l'application Falling Fruit. Crédit : Ethan Welty.
Grâce à une levée de fonds de 15.000$ sur la plateforme de financement participatif BarnRaisers, l’équipe de Falling Fruit a également mis au point une application mobile pour iOS et Android. «A la différence du site, celle-ci est payante mais cet argent nous sert uniquement à payer les serveurs car nous sommes une association à but non lucratif», s’excuse à demi-mot Ethan.
Disponible en huit langues dont le français, l’application permet aux utilisateurs d’ajouter leurs propres découvertes avec photo à l’appui, position GPS et lien vers une fiche Wikipédia décrivant la plante et ses usages.
Apiculteurs et greffeurs amateurs
Une fonctionnalité qu’apprécie Thomas F., un utilisateur français de Falling Fruit. «J’ai répertorié plusieurs pommiers sauvages et l’application m’a permis en retour de découvrir de bons coins à mûres.» Lui qui se décrit comme «un citoyen normal qui mange de la viande et fait ses courses au supermarché», entend ainsi «faire un geste pour la planète et limiter le gaspillage qui atteint des proportions inconcevables».
« So excited to announce version 2 of our mobile app on the Google Play Store!https://t.co/bm9Kt1CtIq pic.twitter.com/waZJ0GE6cv — Falling Fruit (@Falling_Fruit) 3 mai 2016 »
D’autres communautés se sont aussi réapproprié cet outil: «Nous avons des apiculteurs qui l’utilisent pour connaitre la composition de leur miel, des freegans qui ont rajouté l’emplacement de bonnes poubelles et des greffeurs amateurs qui transforment des variétés décoratives en arbres fruitiers», précise Ethan.
Si les passants le regardent parfois de travers lorsqu’il escalade les arbres des parcs, c’est à chaque fois l’occasion pour lui de faire connaitre les vertus du glanage.Un bon plan devenu véritable mode de vie: «Je ne me rappelle même plus la dernière fois que j’ai acheté des fruits», glisse Ethan en souriant.
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