Adaptabilité et diversification, les enjeux internationaux de la SNCF
Monde•Présente partout sur le globe, la société française des chemins de fer doit aujourd'hui relever de nombreux défis...Jade Raffat
Si d’aventure vous preniez le train en Chine ou un tramway australien (lire encadré ci-contre), il est très probable que ce soit en fait un transport SNCF. La société ferroviaire est en effet représentée aux quatre coins du monde via ses filiales Keolis, Geodis, Systra, Eurotainer, Eurostar, Arep, Captrain, Thalys, Ermewa, etc. Implantées dans différents secteurs liés au voyage et au transport de marchandises, ces entreprises prennent de plus en plus d’importance pour le groupe français.
Une source de revenus importante
30%. C’est la part de l’international dans le chiffre d’affaire de la SNCF en 2015 (soit 31,4 milliards d’euros). «Notre métier est de combiner les différents modes de transport tout en conservant le train comme colonne vertébrale essentielle. Un de nos leviers de croissance est cette capacité à combiner tous les métiers de la mobilité», commente le directeur international du groupe SNCF, Diego Diaz.
A l’international, les activités se répartissent notamment entre les liaisons grande vitesse en Europe (Thalys, Eurostar, etc.), l’exploitation des lignes de trams, bus ou métros automatiques avec Keolis ( Melbourne, Londres, Stockholm, Boston, etc.), la logistique avec Geodis et l’ingénierie ferroviaire avec Systra. Le groupe est présent dans 120 pays, avec près de 48.000 salariés employés à l’étranger (et 212.000 en France). Mais le savoir-faire reste 100% tricolore assure Diego Diaz: «L’activité de SNCF à l’international est essentielle pour le groupe. Nous sommes capables de projeter le succès français à l’échelle mondiale.»
Le tramway de la Gold Coast
Diversification de l'offre à l’étranger comme en France
A l’étranger, les opportunités se multiplient. «Le marché du fret s’internationalise, les règles évoluent vers des standards communs et de nouvelles infrastructures sont à exploiter, entre l’Europe et l’Asie par exemple», explique Lorenzo Casullo, économiste et expert du rail au sein du Forum international des transports, une organisation intergouvernementale qui regroupe 57 pays membres et intégrée à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Forcément, la concurrence est rude: «Notre objectif est de devenir la référence de la mobilité et de la logistique en France et dans le monde», souligne Diego Diaz. Mais les défis ne s’arrêtent pas là… La croissance de la population mondiale, l’urbanisation, l’impact du changement climatique et l’usage du numérique sont autant de facteurs à prendre en compte pour convaincre à l’extérieur. «Il faut que nous soyons les nouveaux acteurs du monde digital avec un transport totalement intégré», ajoute le directeur. L’économiste Lorenzo Casullo vient confirmer: «Les enjeux résident dans le digital et la mobilité partagée. Il faut aussi savoir s’intégrer aux initiatives de transport local tout en favorisant l’implantation des lignes à grande vitesse comme épine dorsale d’un système intégré de mobilité.»
«Que les gares deviennent des lieux de vie»
En un mot, «les gares doivent devenir multimodales», explique l’expert de l’OCDE. Pour Diego Diaz, «on ne peut pas faire du copier-coller entre chaque pays. On le voit, les entreprises leaders sont de grands groupes qui apportent des solutions à des problématiques locales. Notre envie est de faire en sorte que les gares dans le monde deviennent des lieux de vie où l’on ne vient pas que pour prendre le train.» Et de citer l’exemple de la gare Saint-Lazare avec ses 90 boutiques et ses nombreux services (crèche, laboratoire d’analyses médicales, etc).
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Le défi pour le groupe réside donc dans sa capacité à faire du cas par cas. «Ces lieux de vie transforment la gare, mais aussi son quartier. On le voit nettement à Shanghai par exemple. Une grande gare connectée et ouverte sur la ville», ajoute le directeur SNCF. Et le marché français par rapport à tout ça? Les activités étrangères du groupe contribuent à renforcer l’image de la marque SNCF: «On contribue au rayonnement et au développement économique de la France car les voyageurs constatent qu’ils peuvent avoir confiance en notre réseau. Notre image à l’étranger est très bonne, bien meilleure que ce que peuvent imaginer les français. Notre activité dans le monde est gage de qualité», affirme Diego Diaz. Si le train s’exporte, son ADN reste, lui, tricolore.
En bonus, voici un petit quizz pour découvrir les pays où travaille la SNCF: