risquesLes tournages sont mieux assurés que vous

Les tournages sont mieux assurés que vous

risquesSur les plateaux de cinéma, les accidents sont plus nombreux qu'on pourrait le croire...
Aliénor Manet

Aliénor Manet

Une caméra volée, un acteur qui se foule la cheville ou une réalisatrice qui décide de disparaître avec son amant. Au cinéma, tout peut arriver. Les producteurs n’ont donc pas le choix, ils doivent s’assurer que leur film arrive jusque dans les salles obscures. Pour cela, une seule solution: souscrire à une assurance.

Naturellement, le coût des contrats est élevé car les sommes engagées sont généralement très importantes. En moyenne, il représente 1% des budgets des longs-métrages et couvre à peu près tout ce qui pourrait arriver à un film.

Pouvoir réagir rapidement

Vincent Michaud, producteur chez 2017 Films, rentre justement d’un tournage à l’étranger qui a pris trois semaines de retard à cause de l’indisponibilité d’une actrice. «Pendant toute cette période, l’équipe du film ne travaille pas mais doit être rémunérée, explique-t-il. L’assurance prend donc en charge les salaires à hauteur de 70% de leurs montants.»

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Le matériel, les décors, les costumes et même les rushes sont assurés jusqu’à la post-production. «Cela arrive régulièrement que du matériel soit volé ou que des décors brûlent. Il faut pouvoir réagir vite pour que le film ne prenne pas trop de retard», indique Thomas Beringer, président du courtier en assurances Riskmedia France, spécialisé dans les contrats pour l’audiovisuel.

Les acteurs et le réalisateur, eux aussi, sont assurés, au cas où ils tomberaient malades ou seraient victimes d’un accident. En fonction des personnes concernées, les clauses des contrats peuvent changer. «Certains acteurs sont connus pour avoir des comportements dangereux, faire de la moto, être alcooliques. Pour être sûr qu’il n’entrave pas le film, les assurances peuvent interdire à un acteur de boire pendant toute la durée du tournage», raconte Vincent Michaud.

Tout n’est pas permis

Dans le milieu de la production, Gérard Depardieu est sûrement un des plus redoutés. Lors de la réalisation de la première adaptation d’Astérix et Obélix au cinéma, il avait été retrouvé, un matin, ivre dans un fossé avec sa moto. Inutile de dire qu’il n’était pas opérationnel pour tourner ses scènes.

Dans ce genre de cas, Marie Lemoine du courtier en assurances spécialisé Rubini et associés, le maintient: «L’acteur n’est pas couvert. Certains comédiens de plus de 70 ans sont eux aussi difficilement assurables.» Sur les longs métrages, tous les acteurs passent à l’inspection médicale pour être sûr qu’ils ne soient pas sujets à des maladies qui mettraient à mal le bouclage du film.

L'équipe technique à l'œuvre lors du tournage de la scène dans les rapides dans Le Hobbit: la désolation de Smaug. AP Photo/Warner Bros. Pictures, James Fisher

Les assurances ne doivent rien laisser échapper lors de l’écriture du contrat. Le script est d’abord décortiqué. «On rencontre ensuite plusieurs fois les producteurs pour bien comprendre quelles sont les scènes filmées qui peuvent être dangereuses, expose Thomas Beringer. On y retourne ensuite pendant la réalisation pour voir si tout se passe bien.»

Végétariens et protecteur des oignons

Autre point non négligeable, les assurances permettent de prévenir les attaques en justice. «C’est arrivé que des végétariens fassent un recours devant les tribunaux contre un film dans lequel trop de viande était mangée à l’écran, ou qu’un défenseur des oignons se plaigne qu’un bulbe se fasse peler devant la caméra», assure le producteur de 2017 Films. Dans ces cas-là, la sortie peut être différée de plusieurs mois. L’assurance permet de bloquer ces actions pour que le film sorte à la date prévue.

Souscrire à une assurance n’est donc pas une option pour les sociétés de production. C’est en plus un moyen de donner confiance aux investisseurs car le cinéma est un millieu où les problèmes sont fréquents.

Des exemples, Marie Lemoine n’a pas de mal à en trouver, comme cette fois où le décor principal de Brice de Nice a littéralement brûlé les planches au milieu du tournage. La cause de l’incendie est restée inconnue mais, sans assurance, le film n’aurait peut-être jamais vu le jour. Et la mèche blonde du maintenant célèbre surfeur niçois n’aurait jamais vu la mer.

La suite des légendaires aventures de Brice de Nice est en préparation. Thibault Grabherr