AvertissementA Rennes, on brasse et on boit de plus en plus en local

A Rennes, on brasse et on boit de plus en plus en local

AvertissementLa lecture de ce papier peut donner une intense sensation de soif…
Alexis Moreau

Alexis Moreau

Une équipe réduite, de petites cuves, un savoir-faire artisanal et une bière unique*. Cela fait quelques années que nos papilles ont quitté les chemins balisés de la grande distribution et s’aventurent à découvrir le travail des micro-brasseurs.

«  Un peu moins d'une semaine, 650L de bière vendus en direct ! C'est énorme, merci ! Vous voulez nous aider pour le démarrage de notre brasserie artisanale, locale, basée sur des valeurs de coopération, de partage et d'écologie ? C'est par la: https://t.co/CTA5bXec2x - Merci ! pic.twitter.com/6Loa1w3HWn — BrasserieVieuxSinge (@vxsinge) 9 avril 2018 »



En cinq ans, le nombre de sites de production a été multiplié par deux, ce qui place notre pays sur le podium européen en la matière, selon l’Association des brasseurs de France. Un domaine dans lequel les Bretons, et particulièrement les Rennais, s’investissent largement. Reste à savoir pourquoi.

Pour l’amour du goût

C’est l’argument systématiquement mis en avant par les créateurs que nous avons pu contacter. «Après 25 ans» derrière le zinc (en tant que barman, on vous rassure), Mickaël Legendre a créé la Brasserie de la Bizhhh au Rheu, près de Rennes. «J’avais envie de proposer aux gens des nouveautés plutôt que des produits de grandes marques disponibles dans tous les autres établissements.»

Un constat «qui rassemble tous les petits brasseurs», explique Alexis Métaireau, cofondateur de la brasserie du Vieux Singe à Saint-Jacques-de-la-Lande, toujours dans l'agglomération rennaise, pour qui «l’offre industrielle réduit la bière à une simple recette fade et sans âme qu'il faudrait avaler en quantité».

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Petit repérage en pays malouin en vue du salon saint malo craft beer expo les 23, 24 & 25 Mars prochains! @maridavidstylist @chouquin35 @saintmalocraftbeerexpo ️Bonne semaine & Bizhhh à tous️#brasseriedelabizhhh #brasserieartisanale #saintmalo #biereartisanale #biere #bio #bretagne #saintmalocraftbeerexpo #paysderennes #craftbeer #soleil

Brasserie de la Bizhhh






Pour la vie locale

Favoriser l’agriculture locale, le vivre ensemble, voici ce qui semble être la deuxième motivation de nos protagonistes. «Nous tentons d’ouvrir le plus possible la brasserie pour que les passants, les clients voient comment nous travaillons», ajoute Alexis Métaireau. «Nous essayons d’utiliser des matières premières du coin, explique Thomas Cléraux de la brasserie Skumenn à Acigné, en périphérie de Rennes, mais c’est assez compliqué, surtout que nous proposons des styles de bière exotiques avec des houblons que nous ne trouvons pas en Bretagne.»

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Car si problème il y a, c’est ici qu’il se situe. Alors que tous expriment l’envie de favoriser les produits locaux et le circuit court, les infrastructures nécessaires en amont de la production n’existent pas toujours. «Les malteries locales sont jeunes, saturées, et n’offrent pas tout ce dont nous avons besoin», abonde Mickaël Legendre.

Certains brasseurs made in Rennes sont contraints d’acheter leur houblon dans l’Est, en Belgique ou en Angleterre. Néanmoins, la révolution est en marche. En début d’année, la première malterie bretonne, baptisée Yec'Hed Malt, s’est ouverte à Vannes (Morbihan). «La tendance des bières artisanales n’est pas près de s’essouffler, surtout qu’ici nous sommes fiers de nos terres, ajoute Mickaël Legendre. Toute la filière (comprenez du champ à la chope) continuera de se développer.»

>>> Retrouvez l'ensemble des articles de notre dossier consacré au consommer local

Grandir oui, mais jusqu'à quel point? Alors que la Bretagne compte déjà une centaine de brasseries, y a t-il encore de la place pour de nouveaux venus sur le marché? «Pour l’instant, la question ne se pose pas vraiment, élude Alexis Métaireau. Les brasseries peinent à répondre à la demande. Si nous comparons notre situation avec les Etats-Unis, qui ont grosso modo dix ans d’avance sur nous dans notre domaine, nous constatons que les petites structures grignotent des parts de marché aux industriels et continuent de se multiplier.» C’est le DG d’Heineken qui doit l’avoir mauvaise.

*A consommer avec modération