CLIMATConférence climat à Paris: A-t-on une chance d’aboutir à un accord international?

Conférence climat à Paris: A-t-on une chance d’aboutir à un accord international?

CLIMATUne session de négociations s’ouvre ce lundi à Bonn, six mois avant le grand rendez-vous de la COP21…
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Le monde arrivera-t-il à se mettre d’accord sur le climat ? En décembre, la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc) réunira 195 pays à Paris autour d’un enjeu planétaire : réduire les émissions de gaz à effet de serre pour maintenir le réchauffement climatique sous la barre des +2°C. Après de multiples atermoiements et échecs, dont celui de Copenhague en 2009, la conférence de Paris (COP21) s’annonce comme le grand rendez-vous à ne pas manquer. Mais alors que s’ouvre à Bonn ce lundi et jusqu’au 11 juin une session de négociations intermédiaires, l’optimisme a du mal à s’imposer.

Pourquoi la COP21 pourrait échouer ?

Parce que le texte des négociations est encore trop vague

Lors de la précédente session de négociations à Genève en février, les négociateurs ont accouché d’un pavé : la première version du texte fait 86 pages et regorge de parenthèses, d’options et ne fait que lister tous les souhaits de chaque groupe de pays. « Nous disposons aujourd’hui d’un projet d’accord, mais c’est un texte long et qui, sur plusieurs points, ne choisit pas », a rappelé Laurent Fabius ce lundi.

Parce que la question de la différenciation entre pays en développement et pays développés n’est pas réglée

Les pays en développement doivent-ils contribuer à la lutte contre le réchauffementclimatique à la même hauteur que les pays développés ? « L’idée de trajectoires de réduction par pays jusqu’en 2050 avance dans les discussions », explique Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations pour la France. Mais ces « trajectoires » sont encore loin d’être définies et « il y a besoin de rassurer sur l’aspect non punitif de l’évaluation et sur la manière dont il est possible de combiner croissance et objectifs climatiques », poursuit l’ambassadrice française.

Parce que les financements ont du mal à être débloqués

Le nerf de la guerre : comment financer quelque 100 milliards de dollars nécessaires à l’adaptation au changement climatique. Le « fonds vert », dans lequel la France a déjà promis de verser un milliard de dollars, est bien loin de couvrir les besoins des pays en développement. Les promesses de dons qui ont été faites ne sont pas des obligations.

Pourquoi la COP21 pourrait réussir ?

Parce que la France veut un succès

Laurent Fabius, qui présidera la COP21, reste « très prudent » mais affiche son optimisme. « A la fin de l’année, nous pourrions disposer, d’une part, des engagements chiffrés des pays et d’autre part, des engagements de très grandes entreprises, de secteurs économiques, d’institutions financières, ce qui va donner un aspect extrêmement concret à la lutte contre le dérèglement climatique », explique-t-il.

La France pourrait aussi donner quelques coups de pieds au train-train des négociateurs : « Les négociations de l’ONU sont totalement inadaptées à l’urgence climatique », a lâché Ségolène Royal ce lundi dans un entretien au Monde. Laurent Fabius semble être sur la même longueur d’ondes : « Si les chefs d’Etat et de gouvernement viennent, ils viendraient en début de conférence, tout au début, pour délivrer un message politique positif ». Lors des précédentes conférences, les chefs d’Etat arrivaient en fin de négociations, comme pour mettre un terme à 15 jours de piétinement.

>> A lire : Pour Royal, les négociations de l’ONU sont « inadaptées à l’urgence climatique »

Parce que l’urgence a été comprise par tout le monde

Les deux plus grands pollueurs du monde, la Chine et les Etats-Unis, se sont engagés en novembre dernier à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L’attitude des Chinois est « évidemment un des changements majeurs », note Laurent Fabius qui se dit « persuadé » que « la réalité de leurs efforts dépassera même leurs engagements ».

Parce que les entreprises prennent leur part

« Dans ce combat, il existe un fait nouveau, le basculement du monde des affaires et de la finance », se félicite Ségolène Royal. Malgré les accusations de « greenwashing » de la part des ONG, qui critiquent le financement de la COP par des entreprises polluantes, la ministre de l’Ecologie estime que « mieux vaut voir les entreprises s’intéresser aux marchés de la croissance verte que les laisser se réfugier dans l’inertie ». Quant à Laurent Fabius, il salue le fait que « le monde de la finance commence à bouger en matière de climat », en citant notamment « la fameuse agence de notation Standard and Poor’s qui vient d’inclure le risque climatique dans ses éléments de notation » et « Bank of America-Merrill Lynch (qui) a décidé de ne plus financer de centrales à charbon traditionnelles ».