VERDICTOn a testé le tout vélo (pendant une semaine)

On a testé le tout vélo (pendant une semaine)

VERDICTSe déplacer à bicyclette plutôt qu'en transports en commun ou en voiture, parmi les gestes qu'un particulier peut faire en faveur de l'environnement, celui-ci n'est pas le moindre. Notre journaliste a tenté l'expérience
Jade Raffat & Harry Lepont

Jade Raffat & Harry Lepont

L'essentiel

  • Portées par l'électrique, les ventes de vélo ont explosé (+27,5%) en 2020
  • L'usage du vélo dans nos déplacements quotidiens est aussi une façon concrète de réduire notre impact environnemental. Début octobre, nous vous avons demandé si vous étiez prêts à passer au 100 % vélo ou si vous l'aviez déjà fait
  • Que ce soit pour aller au travail, faire une course ou rejoindre des amis, notre journaliste s'est refusée à prendre le métro ou la voiture, préférant la selle de sa monture à pédales pour chacun de ses déplacements pendant une semaine. Retour d’expérience
  • Spoiler : on a été séduits, et l'impact en faveur de l'environnement n'est pas anodin, notamment si vous passez de l'auto au vélo. Cependant, pour adopter durablement et par tous les temps la petite reine, il faudra aussi passer par la case achat, d'un modèle adapté à une utilisation quotidienne d'abord, d'accessoires anti-pluie ensuite.

Puisque 20 % des Français déclarent « vouloir sans pouvoir » réduire leurs déplacements en voiture et 23 % « vouloir sans pouvoir » privilégier des déplacements à vélo, selon une étude OpinionWay réalisée pour 20 Minutes avec AXA Prévention, je me suis dit puisque moi je peux, autant le faire. Une semaine durant, j’ai troqué mon strapontin préféré pour un gros cadenas, j’ai investi dans un k-way et j’ai enfourché mon (vieux) vélo.

Fini le métro, le tram, le bus et bonjour les pistes cyclables, les trottinettes électriques et les livreurs en tous genres. C’est un nouveau monde qui s’est ouvert à moi : celui où l’imperméable remplace le parapluie et où il faut accepter que son état capillaire dépende de la météo.

J’avais déjà pour habitude de faire du vélo, mais pour des courts trajets seulement. J’ai donc découvert les joies de transporter ses courses sous le bras en essayant de maintenir le guidon droit (pas pratique lorsqu’on achète du papier-toilette) et, surtout, j’ai du apprendre à faire preuve de patience en contournant les camions qui déchargent sur les voies cyclables et accepter de partager la piste avec les trottinettes, vélos électriques, overboard… Mais aussi des véhicules plus inattendus comme une bicyclette équipée d’une remorque avant pour chiens. Bref, il y a foule et cela n’a rien de très étonnant. Selon l’Observatoire du cycle, la fréquentation des voies qui nous sont réservées a bondi de 27% depuis le déconfinement.

Un geste 100 % écolo (ou presque)

J’ai conscience que le fait d’habiter dans une grande ville et de disposer de l’ensemble des commerces de première nécessité à proximité de mon domicile me permet de tout faire à vélo, tout comme le fait d’être en bonne santé. Si on habite dans une zone rurale, circuler en deux-roues peut s’avérer très compliqué, comme le notaient d’ailleurs plusieurs internautes lors de notre appel à contribution, réalisé début octobre sur Facebook et 20minutes.fr.



Même dans les villes, les aménagements restent parfois médiocres. Il arrive que l’on se retrouve dans le sens inverse des voitures ou que l’on partage les voies avec les bus et les taxis. Il faut donc être très concentré (ce qui n’est pas ma qualité première) et je ne suis pas peu fière de pouvoir dire que j’ai passé la semaine sans rien heurter sur mon chemin, et inversement.

Mais l’intérêt de la démarche réside surtout dans le fait de limiter son empreinte carbone. Pour mieux me rendre compte de l’impact sur la planète de mon changement de mode de transport, j’ai utilisé la plateforme Mon Impact transport, mise en place par l’Ademe, l’agence de la transition écologique. Pour une journée où j’ai réalisé une course et fait un aller-retour à mon ancien travail pour rendre du matériel électronique, j’ai parcouru 6,5 kilomètres, soit 30 minutes de trajet. En vélo, j’ai donc émis 0 gramme en équivalent CO₂ équivalent (abrégé gCO₂e) alors que j’en aurais émis 12 à vélo ou en trottinette à assistance électrique, 15 en métro et 618 en bus. Pour me rendre à la rédaction de 20 Minutes, j’ai effectué 14 kilomètres aller-retour. Si j’avais pris le métro, j’aurais émis 35 gCO₂e, mais j’aurais mis 25 minutes à me rendre au bureau contre 40 à vélo. En voiture, le trajet aller-retour aurait conduit à l’émission de 2,7 kgCO₂e.

De plusieurs kilogrammes à quelques grammes, c’est en passant de la voiture au vélo que la différence saute le plus aux yeux. Ramené à une année, avec environ 218 jours travaillés (dont un jour sur cinq pour télétravailler depuis mon domicile), mon circuit domicile-boulot générerait à lui seul 470 kgCO₂e. Une personne vivant dans un pays industrialisé émet en moyenne une tonne par mois d’équivalent CO₂. En faisant des calculs d’apothicaire et en partant toujours du principe que je me déplacerais en voiture pour me rendre au travail, la bascule vers un vélo musculaire réduirait mon bilan carbone de 3,9 %. Ca paraît peu mais ce calcul, volontairement simpliste, ne prend en compte qu’un seul de mes déplacements. Et assez court, avec ça. A mon avis, des cyclistes plus valeureux pourront sans peine atteindre les 10%.

Faire du vélo… et des économies

Côté budget, en dehors du prix d’achat, des accessoires et des éventuelles réparations, le vélo semble être la solution la plus raisonnable économiquement. Cette semaine de test ne m’a rien coûté, et heureusement, j’ai envie de dire. Si on compte deux trajets aller-retour chaque jour pendant cinq jours effectués à vélo plutôt qu’en métro, et trois sorties « musée/amis », j’ai économisé 23,66€ de tickets (sur une base de 1,69€/ticket quand vous achetez un carnet), ou une semaine de mon abonnement Navigo (la moitié étant remboursée par l’employeur, la dépense serait d’environ 9€).

Je n’ai fait qu’abandonner le métro. Passer des pédales d’une auto à celles d’un vélo demandera certainement plus d’effort, et la récompense pour le porte-monnaie n’en sera que plus élevée. Vélotaffeur de l’extrême avec ses 12.000km par an, Philippe confirme (toujours dans le cadre de notre appel à contributions), qu’il a considérablement revu son train de vie à la hausse grâce aux économies de transport, et d’entretien, réalisées en troquant, en avril 2019, sa voiture contre un vélo à assistance électrique. Il lui arrive de repasser derrière le volant, pour les vacances ou pour se rendre à la déchetterie, par exemple, cela dit le coût de la location reste marginal, selon lui. A méditer.

Le vélo électrique est-il écologique ?

Vient maintenant l’heure du bilan. Si se déplacer en deux-roues m’a amenée à découvrir de nouveaux quartiers de ma ville, fait gagner du temps et permis de goûter à une sensation de liberté similaire à celle de la voiture, sans les galères de parking, je ne pense pas que je puisse adopter ce mode de déplacement à 100 % pour plusieurs raisons. Déjà, pour l’aspect pratique : en l'état actuel, je ne peux pas me rendre partout à la seule force de mes cuisses, comme dans d’autres villes ou à la campagne. De plus, le froid et le mauvais temps sont de vrais freins quand on manque, comme moi, d'un peu de motivation mais aussi du matériel adapté. Pour aller plus loin, et affronter les intempéries parisiennes, l’acquisition d’un poncho, un pantalon de pluie, ainsi qu’un casque avec visière, seront indispensables.

Après une semaine passée sur ma selle, j’ai aussi quelques courbatures à déclarer. Je soupçonne que mon biclou cacochyme n’y est pas étranger et qu’avec un modèle plus récent, les trajets auraient été moins difficiles. Point positif : j’ai brûlé pas mal de calories. Là encore, il faudra passer par l’achat ou la location (type Véligo) d’une monture plus adaptée à des trajets réguliers, et au transport de matériel/courses, avant que je délaisse totalement les transports en commun. De nombreux vélotaffeurs soulagent leurs mollets en passant sur un bolide à assistance électrique (VAE). Sans les aides des collectivités, il faut débourser 2079€ en moyenne en 2021 pour un VAE. Un confort que tout le monde ne peut pas se permettre, et un geste un peu moins fort en faveur de la planète, tant que la production et le recyclage des batteries continueront de poser problème. Mais entre un VAE et la voiture, il n'y a pas photo. Je vote pour le guidon!