Avec ses prêts, Infinite veut encourager la mixité sociale dans les grandes écoles
Formation•La start-up espère réduire la reproduction sociale dans ces établissements inaccessibles aux jeunes issus de milieux modestesAnaïs Chérif
Proposer des prêts étudiants jusqu’à 45.000 euros, sans intérêt et sans garant : c’est la promesse d’Infinite. Cette start-up vise à financer dès septembre 2023 les études de jeunes issus de milieux défavorisés et ayant été reçus dans des grandes écoles. Parmi les premiers établissements partenaires, HEC, Polytechnique et SciencesPo. « Les inégalités sociales sont particulièrement fortes à deux moments de la vie : la naissance et à 18 ans. La majorité des étudiants intégrant des grandes écoles ou partant à l’étranger peuvent le faire parce qu’ils sont dotés d’un capital financier, social et culturel », résume Alexandre Mars, l’homme à l’initiative d’Infinite, également à la tête de la fondation Epic et de la société d’investissement responsable Blisce.
Objectif : réduire la reproduction sociale
En levant 500.000 € de dons auprès de particuliers et d’entreprises dès la première année, Infinite espère pouvoir aider à terme 2.000 étudiants par an en France. Les prétendants peuvent postuler en ligne en remplissant un questionnaire avant de passer un entretien. Les critères d’attribution ? Les revenus et la catégorie socioprofessionnelle des parents, la ville de résidence, le lycée effectué ainsi que les résultats académiques, mais aussi le projet et « l’ambition professionnelle ».
« Dans un premier temps, nous ciblons uniquement les grandes écoles. Pour avoir un impact systémique et réduire la reproduction sociale, il faut changer le système là où il est dirigé, c’est-à-dire les grandes entreprises qui recrutent dans les grandes écoles », justifie l’entrepreneur, avant de préciser qu’il élargira la cible dans un second temps.
Assurer la pérennité du modèle
Privilégier les études d’excellence permet aussi d’assurer la pérennité du modèle. « Chaque étudiant peut rembourser son prêt sur 12 ans avec des mensualités modulables. Ce montant sera intégralement réinvesti dans le fonds pour financer d’autres prêts, détaille-t-il. Les grandes écoles ont un taux d’employabilité extrêmement fort. Si 60 % des élèves financés ne trouvaient pas d’emploi, alors le modèle s’effondrerait. » Que faire des étudiants qui se retrouveraient dans l’incapacité de rembourser leur prêt ? « Cela peut arriver mais en misant sur les meilleures écoles, ce risque est extrêmement faible. Nous regardons actuellement du côté des assurances quelles garanties sont possibles », complète Alexandre Mars. Les prêts étudiants seront d’ailleurs couplés à un mentorat courant 2024.
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