INNOVATIONH24, le prototype à hydrogène qui trace sa route aux 24h du Mans

24 heures du Mans : Le prototype H24 fait entrer l’hydrogène dans la course

INNOVATIONAvec sa pile à combustible, le prototype d’ACO et GreenGT propulse la compétition dans le futur
Romane Pellen

Romane Pellen

L'essentiel

  • Le temps d'un tour d'honneur, le prototype H24 sera la star des 24 heures du Mans 2023.
  • Ce prototype fonctionne grâce à une pile à combustible et frôle les 300 km/h en bout de ligne droite.
  • Il est l'une des illustrations des efforts menés pour qu'un jour un bolide à zéro émission remporte la course mythique.

Samedi 10 juin, l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) et GreenGT retiendront leur souffle. À l’occasion de la 100e édition des 24h du Mans, leur prototype à propulsion électrique-hydrogène, H24, s’élancera pour un tour d’honneur sur ce circuit mythique. « C’est un tour avec beaucoup de pression », reconnaît Antoine Larroque, ingénieur chez Green GT. On va montrer le futur du sport automobile au grand public ».

Depuis 2018, l’ACO, créateur et organisateur de l’événement, et Green GT, une société spécialisée dans les technologies électriques-hydrogène, pilotent la mission H24. Ce programme a pour objectif de créer une catégorie dédiée à des prototypes Hydrogène, capables de gagner les 24 Heures du Mans, sans rejeter de CO2 dans l’atmosphère. « La technologie que l’on utilise est une pile à combustible », explique Antoine Larroque. La rencontre de l’oxygène et de l’hydrogène dans cette pile, crée de l’électricité qui permet d’alimenter le moteur et de faire avancer la voiture. « Au même moment, la chaleur qui se crée doit être dissipée et l’eau produite est rejetée », reprend-il.

Des sensations différentes

Forcément, au volant les sensations changent. Stéphane Richelmi a rejoint le programme en 2021. C’est un des pilotes de la H24. « La manière d’exploiter la puissance et d’optimiser l’énergie fournie est très différente, observe le vainqueur de la catégorie LMP2 des 24 Heures du Mans, en 2016.

« Entre la pile à combustible et la batterie tampon, qui est rechargée dans les phases de décélération, il faut pouvoir optimiser le rendement. Ce sont des choses qu’un pilote doit gérer ». La H24 est aussi équipée de pneus, développés par Michelin, qui intègrent 53 % de matières biosourcées. « Les tests se sont bien déroulés », note Antoine Larroque, avant de souligner l’importance de leur qualité : « Sur une voiture de course, les pneus sont le premier facteur de la performance. »

La voiture fait également moins de bruit qu’un véhicule thermique et elle est, pour l’instant, plus lourde. Le prototype pèse 1.416 kg, quand les hypercars – les voitures qui gagnent les 24h du Mans – font 1.030 kg. « Il faut beaucoup s’adapter pour exploiter cette voiture, reconnaît Stéphane Richelmi. Mais quand on est pilote, c’est normal que l’on apprenne ».



Les 24h du Mans, un laboratoire d’innovation

Depuis leur création en 1923, les 24h du Mans ont toujours été un laboratoire d’innovation. Les phares antibrouillard ou les freins à disque ont été testés sur ce circuit légendaire, avant d’équiper des voitures conçues pour le grand public. Aujourd’hui, l’ACO se concentre sur l’écologie et ambitionne de décarboner la course.

C’est en bonne voie. Le 14 mai 2022, la H24 est entrée dans l’histoire en franchissant la ligne d’arrivée du circuit d’Imola, en Italie. Une première. Jamais dans l’histoire du sport automobile un prototype à propulsion électrique-hydrogène n’avait participé à une course internationale d’endurance. Stéphane Richelmi était au volant de la voiture. « C’était énorme, nous étions tous très émus », se remémore-t-il. Ce jour-là, en rentrant au stand, le pilote réalise le chemin parcouru. « J’étais fier d’avoir participé à ça, car c’est un peu comme la conquête spatiale, nous sommes des pionniers ».

292 km/h dans les Hunaudières

Pour l’heure, la H24 ne rivalise pas encore avec les meilleures voitures d’endurance, mais elle s’en rapproche petit à petit. « On a fait une pointe à 292 km/h dans la ligne droite des Hunaudières, au Mans », indique-t-il, habitué à pousser une voiture à sa limite. Sur cette célèbre portion, les pilotes de la catégorie Hypercar évoluent habituellement à près de 340 km/h.

Le 11 juin prochain, Stéphane Richelmi sera au volant de la H24 pour un tour d’honneur aux 24h du Mans. Sur le toit de la nouvelle livrée bleue et blanche, un chrono affiche le nombre 100. Il rend hommage au Centenaire des 24h du Mans et symbolise le temps que la mission H24 veut gagner pour la planète, en réduisant les émissions de CO2. Pour l’un, comme pour l’autre, le compte à rebours a déjà commencé.